mai 2018

« Des choix de formation mieux éclairés »

Benoît Tock, professeur à la Faculté des sciences historiques et vice-président Formation de l’Université de Strasbourg, explique les enjeux de cette réforme de l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Selon vous, que va changer Parcoursup pour l’université ?

Un premier point, important : les nouvelles modalités éliminent désormais le recours au tirage au sort dans des filières sous tension. Cette façon de faire ne mettait personne à l’aise et nous nous en débarrassons définitivement.
Autre principe de base de Parcoursup : les capacités d’accueil de l’université, définies au préalable, permettront d’accueillir tous les lycéens qui le souhaitent dans une filière de leur choix. Ces capacités s’évaluent, à Strasbourg, autour de 8 000 places en première année à la rentrée 2018-2019, sans compter bien sûr les redoublants.

8 000 places en première année à l'Université de Strasbourg la rentrée 2018-2019

Les futurs étudiants doivent désormais formuler leurs choix en se référant à des « attendus ». De quoi s’agit-il ?

Le questionnement autour de ces attendus a généré, à mon avis, beaucoup de stress inutile. C’est très simple : on constate, à l’heure actuelle, 60 % d’échecs en première année d’université, parce que beaucoup de lycéens, au moment des choix, ne savent pas vraiment ce dont ils ont besoin pour réussir dans telle ou telle filière. S’ils disposent d’une description des qualités nécessaires pour entamer une formation, leurs choix seront mieux éclairés. Leurs vœux vont s’exprimer de façon plus précise, en pleine connaissance de cause. Et le classement des dossiers, effectué par des commissions pédagogiques de l’université, y compris dans les filières non-sélectives, constitue également un message.

Les attendus ont été promulgués par le ministère, mais il était possible d’y ajouter des attendus locaux. À Strasbourg, nous avons décidé d’en promulguer le moins possible, avec juste quelques exceptions pour des formations spécifiques, comme le droit européen.

Comment l’université peut-elle s’y prendre pour mieux faire réussir ses étudiants ?

Parcoursup peut apporter des changements profonds dans la mesure où l’université va devoir vraiment se poser la question de la réussite. Les étudiants à qui on aura répondu « oui, si » vont bénéficier d’enseignements supplémentaires, ou bien ils pourront rallonger le temps de préparation de leur licence. Chaque université est appelée à penser et à organiser ces accompagnements, avec une marge de manœuvre et de vraies ressources pour les mettre en place. Parcoursup donne donc l’occasion de repenser les objectifs et les moyens de la formation. La réforme va aussi permettre de diffuser des pratiques pédagogiques plus dynamiques et innovantes. Sa mise en place a déjà commencé, puisque les futurs étudiants se sont inscrits sur la plateforme. Cette première année va être une année-test, l’application totale de l’ensemble des modalités de Parcoursup nécessitant plusieurs années.

Propos recueillis par Myriam Niss