mai 2017

« L’objectif, c’est l’internationalisation de l’université »

Encore modeste, l’enseignement en anglais permet d’accélérer l’internationalisation de l’université en accueillant plus d’étudiants étrangers et en ouvrant davantage les étudiants aux réalités du monde. Explications avec Benoît Tock, vice-président formation.

Benoît Tock, vice-président formation. © Catherine Schröder

Quelle est la part de l’anglais dans l’ensemble des formations dispensées à l’Unistra ?

C’est encore relativement modeste. L’objectif n’est pas en soi le développement de formations ou d’enseignements en langues étrangères, mais l’internationalisation de l’université. Nous voulons amener les étudiants de l’université à prendre conscience du monde dans lequel ils vivent, et faire venir à Strasbourg les meilleurs étudiants, en particulier à partir du master, y compris les étudiants venant de pays et de filières dans lesquels l’enseignement du français est rare, voir inexistant. Nous souhaitons faciliter la mobilité internationale de nos étudiants, soit dans le cadre de leurs études, soit en année de césure, soit à l’issue de leur formation. L’acquisition de l’anglais, c’est aussi le meilleur moyen d’intégrer les étudiants le plus tôt possible dans l’univers scientifique dont l’anglais est devenu la langue quasi unique.

Quelles sont les facultés et les écoles qui pratiquent le plus l’anglais ?

En dehors des facultés de langues, ce sera plutôt en économie, sciences dures, droit. Mais il y a aussi des enseignements en allemand, en espagnol...

Comment conciliez-vous ce développement de l’anglais avec la loi Toubon qui impose l’enseignement en français ?

Il ne faut pas se voiler la face : le français est en perte de vitesse sur le plan international. Si nous voulons attirer des étudiants de pays dynamiques, ou développer des partenariats avec des universités anglo-saxonnes, c’est plutôt par des enseignements en langue anglaise que nous y parviendrons. La loi Fioraso nous y autorise dès lors que nous agissons dans le cadre de l’accord avec une université étrangère ou d’un programme européen.

On ne peut pas à la fois demander aux universités d’être ouvertes sur le monde et empêcher l’utilisation de langues étrangères

Donc le français a perdu le combat à l’université ?

Il est hors de question d’abandonner le français. Mais on ne peut pas à la fois demander aux universités d’être ouvertes sur le monde et empêcher l’utilisation de langues étrangères. La nouvelle loi est davantage adaptée à la réalité actuelle du monde.

Au risque de plus former les étudiants au globish qu’à l’english ?

Je crois qu’il vaut mieux être formé au globish que ne pas être formé du tout. Mais c’est aussi parce que nous souhaitons aller beaucoup plus loin que nous avons restructuré l’enseignement des langues et mis en place le pôle Lansad (Langues pour spécialistes d’autres disciplines) l’année dernière, ou que nous réfléchissons à un accompagnement des enseignants vers une certification pour l’enseignement en langue étrangère.

L’ADN international de l’ECPM

« L’ouverture à l’international fait partie de l’ADN de l’Ecole européenne de chimie, polymères et matériaux (ECPM), affiche Véronique Hubscher, directrice des études du cycle ingénieur. Objectif : attirer les étudiants étrangers et donner à nos élèves le meilleur bagage pour leur mobilité. » Dès le cycle préparatoire intégré international, certains cours scientifiques sont en anglais et allemand/français. Lors des 18 premiers mois du cycle ingénieur, 45 à 50 % des cours scientifiques sont en anglais. L’un des stages longs (stage ingénieur ou stage de fin d’études) a forcément lieu à l’étranger et en troisième année presque 100 % des cours scientifiques sont en anglais. A cela s’ajoutent, durant tout le cursus, deux langues obligatoires : l’anglais et l’allemand, ou l’espagnol, ou le français langue étrangère. Plus la possibilité d’apprendre une troisième langue (russe, chinois, japonais…). Sans parler des étudiants qui effectuent leur troisième année en Allemagne, en Espagne, à Singapour, au Canada et bientôt en Argentine ou à Hong Kong. Résultat : 40 % des élèves trouvent leur premier emploi à l’étranger.

Jean de Miscault