Innovation pédagogique soutenue par l’Idex (Initiative d’excellence), Artlingo est un ensemble de 14 ateliers et cours peu communs, animés en grande partie par des artistes natifs d’une langue étrangère. L’objectif est un apprentissage renouvelé des langues par la pratique artistique, l’action et le corps. Loin d’une approche uniquement cérébrale. Et les étudiants en redemandent.
Ils font plaisir à voir les étudiants de l’atelier « Mots. Corps. Espace (2) : rencontrer l'imprévu ». Bien dans leur peau, confiants, rayonnants, ils manifestent un enthousiasme et une énergie communicatifs. Sous la houlette de la comédienne Marie Seux, ils expérimentent le corps et la voix pour donner vie aux textes qu’ils ont créés au premier semestre avec l’auteur islandaise Steinunn Sigurðardóttir lors d’un atelier de creative writing. L’atelier mêle improvisation verbale et corporelle, anglais et français, étudiants en langues et en arts du spectacle. Pour les « Mots chuchotés », chaque étudiant vient s’asseoir à tour de rôle auprès de chaque spectateur pour lui chuchoter son texte à l’oreille. Imaginaire, poésie, plaisir des mots, surprise et intimité, l’effet est garanti. Leur diction en anglais est pour ainsi dire parfaite. La dernière séance est ouverte au public pour faire partager cette expérience.
C’est un exemple de l’approche en œuvre dans Artlingo. Redynamiser le désir d’apprendre les langues par la pratique artistique : écriture, danse, théâtre, marionnettes, musique, soundpainting (langage de signes permettant une composition en direct), etc. Etre acteur plutôt que passif, faire appel au corps et au mouvement, à la créativité, aux ressources personnelles, développer le sens du collectif, mais aussi créer un autre rapport entre étudiants et enseignants. « L’apprentissage par le corps manque à l’université. Nous n’avons pas toujours le temps de mener une réflexion pour renouveler notre approche. J’ai parfois l’impression qu’on ressasse des choses anciennes alors que le monde change », développe Lara Delage-Toriel, maître de conférences en littérature américaine à la Faculté des langues et initiatrice d’Artlingo avec Carole Egger.
« Les mots sortent de notre bouche pour rentrer dans tout notre corps »
« On arrive fatigué, on ressort rempli d’énergie », « on ne met pas en jeu que notre esprit », « il y a une mémoire du corps, on s’approprie le texte différemment », « les mots sortent de notre bouche pour rentrer dans tout notre corps », « c’est un espace de liberté », « c’est magique » témoignent les étudiants. « Ils ont davantage confiance en eux et participent davantage. Je vois qu’ils ont été transformés », observe Lara Delage-Toriel.
Le programme est ouvert aux étudiants en langues et en art, de la première année au master. Ces 14 options d’ouverture, données en majorité par des intervenants extérieurs (artistes, metteurs en scène ou auteurs) ont profité à 180 étudiants environ. Les langues concernées sont le français, l’anglais, l’allemand, l’italien, le roumain et l’espagnol. Monté au cours de l’automne 2015, labellisé par l’Idex en mai 2016, il a couru de septembre 2016 à juin 2017 et pourrait être renouvelé l’année prochaine.