L’Université de Strasbourg définit-elle des axes stratégiques pour mettre en place ses coopérations internationales ? Entretien avec Francis Kern, vice-président Relations internationales de 2013 à 2016.
« À Strasbourg, les relations internationales ne datent pas d’hier : pendant la période allemande, il y avait déjà des accords avec des universités d’Europe orientale et du Japon », rappelle Francis Kern. Cette tradition de « transnationalisation » académique s’est fortement développée au fil des décennies. Elle a aussi adopté de nouvelles formes, notamment liées à l’explosion du numérique. Mais pour autant, « dans ce domaine, la France pâtit, de façon générale, d’un petit retard à l’allumage et il y a maintenant urgence à définir une véritable stratégie de coopération internationale ».
La restitution de l’étude Coopérations internationales à l’Université de Strasbourg, menée pendant un an avec Yankou Diasso*, a permis de dresser un état des lieux. « Nous disposons enfin d’éléments plus précis, cartographie et chiffres à l’appui, se réjouit Francis Kern, et c’est aussi la première fois que l’on réunit les données de la formation et de la recherche. »
84% des composantes et 54% des unités de recherche sollicitées ont répondu à l’enquête.
84% des composantes et 54% des unités de recherche sollicitées ont répondu à l’enquête. Les résultats montrent que, si l’Université de Strasbourg compte environ 2 000 coopérations (dont plus d’un millier pour les seuls échanges Erasmus), on peut identifier 35 grands partenaires dans le monde entier. Néanmoins, une majorité des entités qui ont répondu disent ne disposer ni d’un budget spécifique dédié aux relations internationales, ni d’un bilan, ni de critères d’évaluation. 70% d’entre elles, cependant, affirment élaborer une stratégie explicite. « C’est une bonne nouvelle : car une stratégie ne tombe pas du ciel, elle doit se définir sur le terrain. Il ne s’agit pas de casser la créativité en la décrétant d’en haut. »
Pour détecter de nouvelles opportunités et pour plus de cohérence entre formation et recherche, les Correspondants relations internationales (Cori), déjà actifs dans les composantes, seront étendus aux unités de recherche, davantage reconnus et dotés d’une lettre de mission. Francis Kern estime que « l’interaction et la synergie dédiées à l’internationalisation de l’enseignement et de la recherche sont des priorités ».
De plus, les données livrées par l’étude font penser qu’il serait utile qu’une instance de décision intermédiaire, par exemple les collégiums, puisse clarifier le pilotage des actions à l’international, l’amélioration de la qualité de la formation et de la recherche restant par ailleurs la principale motivation pour s’y lancer. « Plus que la nature juridique d’un accord, c’est sa finalité qu’il faut examiner. » Les coopérations les plus intenses se font encore avec des partenaires proches – Université de Fribourg-en-Brisgau en tête en lien avec l’histoire d’Eucor – mais de nouveaux pôles sont apparus en Asie de l’Est, avec des pays émergents comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud (Brics)... et, en premier lieu, les universités chinoises et plus récemment les universités et organismes de recherche en Inde.