Carolina Moreira est brésilienne et doctorante en psychologie des cognitions en cotutelle de thèse à l’Université de Strasbourg et à l’Université de São Paulo au Brésil. Une opportunité qui s’est offerte à elle à un moment de son parcours et qui lui ouvre de nombreux horizons autant personnels que professionnels.
« En fait, dans mon pays, je suis orthophoniste. J’ai fait quatre ans d’études pour obtenir mon diplôme, puis, tout en travaillant dans un cabinet d’orthophonie, j’ai préparé un master de psychiatrie – quatre années d’études au Brésil – centré sur le développement du langage des enfants atteints d’un trouble psychiatrique », explique Carolina Moreira.
Après avoir été amenée à intervenir dans une école française, Carolina Moreira décide de préparer une thèse sur la question du développement du langage chez les enfants bilingues franco-portugais. Elle cherche alors un directeur de thèse à l’Université de São Paulo, mais parallèlement, elle décide de faire une partie de ses études en France.
« L’Université de São Paulo a des accords avec deux universités françaises pour les cotutelles de thèse : Strasbourg et Rennes. J’ai choisi Strasbourg plutôt pour la ville, mais aujourd’hui, je suis très satisfaite de travailler avec Élisabeth Dumont, qui est ma directrice de thèse. »
Arrivée en France en septembre 2014, Carolina Moreira a prévu de faire son doctorat en quatre ans car elle a dû conserver une activité salariée en parallèle, n’ayant pas obtenu de financement. À l’issue de sa thèse, en 2018, elle sera docteur en psychologie à la fois en France et au Brésil.
« C’est déjà un immense intérêt en soi, commente-t-elle. Je n’ai pas encore décidé si mon projet sera plutôt de rester en France en cherchant un poste d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche (Ater), par exemple, ou si je retournerai tout de suite au Brésil où je peux reprendre mon poste d’orthophoniste en ayant développé de nouvelles compétences. Ce doctorat français me permettra de me faire agréer auprès du consulat français pour proposer mes services d’orthophoniste à la communauté française de São Paulo. Tandis que le doctorat brésilien me permet aussi de briguer un poste dans une université privée au Brésil. »
« La première année a été vraiment difficile mais je me suis accrochée »
Au-delà de ces avantages pour la carrière, Carolina souligne l’intensité de son aventure humaine en France, et les compétences personnelles qu’elle a pu y développer : « La première année a été vraiment difficile. Je me suis accrochée car j’étais vraiment perdue, dans un pays avec une culture complètement différente de la mienne. Je ne maîtrisais pas bien la langue, j’avais du mal à me repérer dans les complexités administratives françaises. Je ne me suis pas sentie très entourée. Mais une fois passé ce cap de la première année, j’ai commencé à apprécier ma vie en France, à voir combien cette expérience me faisait grandir, m’obligeait à être dégourdie, ouverte, flexible, tolérante. Ma relation aux autres est changée définitivement et ça, pour moi, c’est une très grande chance. »
Caroline Laplane