"Un manager sur quatre est confronté à la question du fait religieux au travail", la laïcité au quotidien dans le monde du travail.
Dans son ouvrage Management et religions, un lien indéfectible, Isabelle Barth directrice de l'EM Strasbourg, étudie les problématiques liées aux interférences de la pratique religieuse dans le monde du travail. « Les entreprises ne sont pas soumises au devoir de neutralité imposé dans le domaine public. Ce décalage peut poser des dilemmes managériaux dans l'entreprise parfois confrontée à des demandes pouvant interpeler le fondamental bien vivre ensemble du monde du travail. »
« Les buts et défis de l'entreprise sont de créer de la performance économique, de générer de la satisfaction, un travail heureux, dans le respect de chacun et sans la mise en danger d'autrui [...]. Les managers doivent prendre conscience de l’importance et des enjeux du fait religieux. En effet, on observe que son déni, tout comme son acceptation sans dialogue, engendrent des dérives et une souffrance salariale résultant de problèmes non exprimés ou gérés par défaut. Par exemple, au nom de la diversité, une entreprise met en place une salle de prières ; ce choix, au départ positif peut connaitre des effets boomerangs très problématiques comme l’incitation à par des prosélytes à la pratique religieuse [...] et un sentiment d’iniquité pour les athées et d’autres minorités religieuses... Cela génère alors une souffrance qui impactera la performance globale de l’organisation. »
La posture du manager est d’envisager le fait religieux avec bienveillance
La posture du manager est d’envisager le fait religieux avec bienveillance, « sans tout accepter de tous », mais dans l'égalité des traitements via des règles opposables aux athées comme aux religieux, pratiquants ou non. « Il faut entrer en dialogue managérial mais surtout pas dans l’exégèse religieuse qui n’appartient pas à l’entreprise », c'est pourquoi beaucoup d'entreprises (La Poste, IBM, etc.) adoptent des chartes, des guides visant la bonne attitude ; « L'ultime paradoxe est de gérer la différence et la reconnaissance de chacun dans l'indifférence la plus totale : on glisse du management de la diversité, vers un management inclusif. »