juillet 2015

Des rapports codifiés

Le regard quotidien de deux étudiants, l’un en master islamologie et l’autre en master de théologie fondamentale.

Antoine Pfeiffer, déjà titulaire d’un master de droit public, cherche à se spécialiser dans le triptyque « Etat, religion, droit ». Se destinant à la recherche, c’est par intérêt scientifique qu’il a choisi le master pluridisciplinaire Islamologie, droit et gestion.

Un enseignement, estime-t-il, « qui trouve tout particulièrement sa place dans les débats actuels d’une société qui souffre d’un déficit de connaissances sur le fait religieux ». Ce master, ouvert à tout le monde, est fréquenté majoritairement par des étudiants de confession musulmane, étudiant-e-s français-es de familles originaires de Turquie ou étudiant-e-s du Sénégal, du Maroc ou d’Algérie... Antoine observe et analyse les interactions entre les cultures et les croyances : « Le vivre-ensemble, on l’expérimente tous les jours. Il n’est pas fait d’événements particuliers, mais de la pratique quotidienne. Et il est nécessaire de savoir assouplir son schéma de pensée au contact de l’autre et de faire intervenir le moins possible sa subjectivité ». Si, dans le cadre strictement universitaire, il note une bonne cohésion de la promotion, « dans les interventions des étudiants, il arrive que la tentation d’avoir recours à des références religieuses soit forte, au détriment de l’objectivité scientifique... Et les rapports au sein du groupe sont très codifiés ».

Myriam Niss

Timothée, étudiant en théologie : « On nous regarde quelque fois comme des bêtes curieuses »

Timothée est étudiant en master de théologie fondamentale à la faculté de théologie protestante. Il prépare un mémoire sur « le Gethsémani johannique : entre agonie et ironie ».

Comment vis-tu la laïcité à l’Université de Strasbourg ?

Le concept de laïcité a été fortement influencé par le protestantisme. Cela permet de préserver les minorités religieuses. A l’université les opinions de chacun sont préservées par la laïcité. Cela permet d’accepter les religions, mais aussi les non-religions : c’est un facteur d’ouverture.

Comment ça se passe avec les autres étudiants ?

Entre étudiants de théologie protestante et catholique, nous savons que nos avis diffèrent quelque fois. On dialogue, on parle de beaucoup de choses, on se voit en dehors du cadre universitaire. Les autres étudiants du campus, où j’ai de nombreux amis, ont souvent tendance à croire, que nous sommes tous forcément croyants, ce qui n’est pas obligatoirement le cas. Certains nous voient un peu comme des bêtes curieuses. Ils nous demandant à quoi servent ces études. Surtout si nous ne voulons pas devenir pasteur, ce qui est mon cas. Finalement les étudiants en philosophie suscitent le même genre d’interrogations.

Comment as-tu vécu les attentats du mois de janvier ?

Certains étudiants ont voulu en parler. Nous avons eu des débats en classe, notamment avec un professeur de philosophie. On a participé aux manifestations comme beaucoup d’étudiants.

Propos recueillis par Jean de Miscault

Mots-clés

  • étudiant
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