Voilà déjà plus de dix ans que Françoise Le Jallé guide la politique d’accueil et d’accompagnement des étudiants handicapés. Enseignante, formatrice et chargée de mission handicap de l'université, elle a une vocation : accompagner les personnes handicapées sur leur propre chemin de vie.
Françoise Le Jallé a pris sa fonction un peu avant la fusion des trois universités, en 2008. Depuis, elle travaille main dans la main avec toute l’équipe de la mission handicap, en particulier Fabienne Rakitic, sa coordinatrice. « Je leur apporte mon soutien avec mon expertise. J’écoute les difficultés, nous essayons d’améliorer le dispositif pour assurer la qualité de suivi. Fabienne, Jackie, Emma, Nadia, Muriel, elles assument un travail colossal pour accompagner les étudiants, leur faire bénéficier d’aménagements dans leurs études afin qu’ils trouvent leur propre autonomie. C’est un travail collaboratif, j’apporte une réflexion mais ce n’est pas un rapport dirigé. » C’est ainsi qu’elle explique son rôle.
Elle voue beaucoup d’estime à l’équipe et au réseau des 86 référents handicap. Dans chaque composante de l’université, ces personnels administratifs et enseignants sont les intermédiaires entre les étudiants et la mission Handicap. Le réseau a été créé à son initiative en 2011, le modèle a été repris par la suite dans d’autres universités. « C’est une équipe formidable, je suis épatée par leur travail et très touchée par leur engagement, c'est impressionnant. »
Le réseau a été créé à son initiative en 2011, le modèle a été repris par la suite dans d’autres universités.
Si en 2009, l'université comptait 143 étudiants handicapés, ils sont plus de 1 000 aujourd'hui. Une augmentation exponentielle qui s'explique par davantage de demandes et de nouveaux troubles reconnus comme handicapants. Les cas les plus fréquents sont les troubles du langage (dyslexie, dysorthographie…), les maladies invalidantes (rhumatismes…), les troubles psychiques (autisme, bipolarité…) et moteurs. Et tous voient une augmentation de 12 à 22 %. L’enseignante pressent cependant un danger, celui de voir toute particularité comme un handicap, évitant à l’individu de travailler sur soi.
« L’équipe doit gérer davantage de dossiers, alors nous recherchons de nouvelles orientations, comme simplifier les démarches pour réduire les délais. Nous pensons aussi organiser des ateliers pour que les étudiants échangent entre eux sur leurs moyens de compensation, et accentuer la préparation à l’emploi en nous appuyant toujours plus sur l’ensemble des partenaires », explique-t-elle.
Avec toujours ce maître-mot : la responsabilité. « Ce qui me motive, c’est de voir les personnes prendre en main leur destin, inventer de nouveaux moyens toujours au service de la responsabilité de l’étudiant. Nous ne sommes pas dans le compassionnel, la psychologisation. Nous sommes portés par le fait que l'étudiant se porte lui-même. Il faut qu'on porte du désir, sur lequel l'étudiant puisse s'appuyer pour désirer pour lui-même. »