Comment l’université prend-elle en compte les situations de handicap de ses personnels et de ses étudiants ? Réponses avec Aline Ancel, correspondante handicap pour les personnels à la Direction des ressources humaines (DRH) de l’Unistra, et Fabienne Rakitic, coordonnatrice de la mission handicap au Service de la vie universitaire.
Depuis quand l’Unistra prend-elle en compte les situations de handicap de ses personnels et de ses étudiants ?
Fabienne Rakitic : Même si avant 2009, les trois universités strasbourgeoises menaient déjà des actions en faveur des étudiants en situation de handicap, la volonté politique et la stratégie sont vraiment venues avec la fusion. À l’échelle nationale, il existe une charte Université handicap en application de la loi de 2005. Nous avons lancé notre Schéma directeur pluriannuel handicap en 2016 et il s’est achevé en 2020. Ce Schéma prend en compte les étudiants et les personnels : il définit l’accompagnement des étudiants et des personnels, leurs projets professionnels, l’accessibilité au bâti et au numérique, la formation et la recherche. Place maintenant au bilan avant de s'atteler à la construction d'une nouvelle feuille de route.
Aline Ancel : Nous avons créé le réseau Handicap et travail en 2011. Il est constitué des deux médecins du travail de l’université, de l’assistante sociale des personnels, de la correspondante handicap et de la référente auprès du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), qui font partie de la DRH, et de la coordonnatrice de la mission Handicap au Service de la vie universitaire. Nous nous réunissons toutes les six semaines, traitons de questions collectives autour du handicap à l’université et faisons un point sur les situations individuelles. En 2017, nous avons passé une convention avec le FIPHFP, qui collecte les contributions des différents établissements permettant de financer les actions concrètes de ces derniers.
Quels sont les objectifs de l’université en matière d’accompagnement des situations de handicap ?
A. A. : Il s’agit d’abord d’accompagner au mieux les personnes déjà déclarées, notamment en adaptant leur environnement professionnel en fonction des besoins. Ensuite, nous menons des actions afin d’inciter les personnes qui ne sont pas déclarées à faire connaître leur situation de handicap, qu’elles aient ou non besoin d’un accompagnement particulier. Selon la loi, l’université, comme toutes les organisations, doit employer au moins 6 % de personnes en situation de handicap. En taux d’emploi direct, nous sommes actuellement à 3,11 %, contre 2,77 % en 2017. En conséquence, nous sommes amenés à régler une contribution au FIPHFP, qui permet ensuite à ce dernier de financer les actions en faveur de l’accompagnement du handicap.
F. R. : Les personnes en situation de handicap fonctionnent différemment, elles ont des besoins particuliers, elles ont une approche du monde qui leur est propre. Les étudiants aux profils différents enrichissent les pratiques pédagogiques, ils nous bousculent dans nos représentations. Nous devons tendre vers le concept d’accessibilité universelle : ce qui sert aux uns profite à tous. La crise de la Covid-19 nous révèle d’ailleurs que nous sommes tous empêchés à un moment ou à un autre. Plus nous rendrons accessibles les lieux, les formations, plus cela profitera à tous. C’est cela l’enjeu d’une université inclusive.
Nous devons tendre vers le concept d’accessibilité universelle : ce qui sert aux uns profite à tous.
Existe-t-il une ligne budgétaire dédiée au handicap ?
A. A. : La convention de 2017 signée avec le FIPHFP prévoit un budget total sur quatre ans de 750 K €. Cela nous permet d’aller au-delà des aménagements de postes et de prévoir par exemple des actions de communication. Outre cette contribution du FIPHFP, l’université participe elle-même au financement d’une partie des actions.
F. R. : Pour les étudiants, nous disposons d’une dotation ministérielle dédiée par exemple au financement des secrétaires d’examen, qui aident les étudiants ne pouvant pas composer seuls, des assistants d’études, des interprètes en langue des signes… Nous bénéficions aussi de financements apportés par des fondations, comme celle de l’Université de Strasbourg, ou par des conventions avec des entreprises, comme la Convention atouts pour tous. Le total de ces aides s’élève à environ 130 K € par an.
On critique souvent la loi de 2005 pour ne pas avoir atteint les objectifs fixés. Qu’en est-il à l’Université de Strasbourg ?
F. R. : Bien sûr cela ne va jamais assez vite, mais nous avons quand même considérablement avancé. Il n’y a jamais rien d’acquis, donc nous sommes sans cesse obligés de remettre le travail sur l’ouvrage. Ainsi, en 2016, nous nous sommes engagés à tendre vers 100 % du bâti accessibles d’ici 2025. Nous progressons en mettant les personnes concernées au cœur de notre action. La question du handicap doit impliquer tout le monde à tous les endroits.
A. A. : Du côté des personnels, il importe aussi de mettre en avant la progression de notre engagement pour une meilleure prise en compte du handicap au travail. Un de nos grands chantiers est de mieux faire connaître ce qui est fait tant auprès des instances que lors des réunions de chefs de services centraux ou des responsables administratifs des composantes. Chaque année, je présente le réseau Handicap et travail aux nouveaux arrivants. Il est utile de communiquer sur nos actions avec les personnels concernés mais aussi avec leurs encadrants et leurs collègues. J’utiliserai un ancien slogan ministériel : « Le handicap, tous concernés ! » Nous devons toutes et tous être mobilisés.
143 étudiants en situation de handicap identifiés en 2009, 996 en 2020 : plus 15 à 20 % par an.
177 enseignants-chercheurs et personnels administratifs et techniques identifiés en situation de handicap en 2020 (135 en 2015) : plus 30 % en cinq ans.
Parmi les 40 actions du Schéma directeur pluriannuel handicap :