Ahmed Ghannam est syrien. Chercheur en biologie moléculaire et biotechnologie végétale au sein de l’IBMP (Institut de biologie moléculaire des plantes), il bénéficie actuellement d’un financement dans le cadre du programme Pause (Programme d’aide à l’accueil en urgence des scientifiques en exil).
Le domaine de recherche d’Ahmed Ghannam, 43 ans, est la virologie : il travaille à la création de nouveaux vaccins pour les humains dans les plantes, une sorte de next generation vaccines, qui s’appuient sur les nanobodies, c'est-à-dire des anticorps à chaîne lourde uniquement.
De 2001 à 2006, Ahmed Ghannam avait préparé un doctorat à Strasbourg, dans un laboratoire de l’IBMP. Sa thèse en poche, il était rentré en Syrie, où l’attendait un poste au sein d’un laboratoire de recherche spécialisé en biologie moléculaire et biotechnologie à Damas. Il a également enseigné cette discipline à l’Université de Damas.
On a aussi besoin de soutien pour redémarrer sa carrière
Il étudiait alors l’effet de ce composant du système immunitaire des camélidés dans les plantes. L’IBMP abrite le seul laboratoire français qui travaille sur cette thématique. Il était donc tout naturel que le chercheur se tourne vers Strasbourg lorsqu’il est devenu trop difficile, pour sa famille et pour lui-même, de continuer à travailler et vivre à Damas où, résume-t-il, « le pays est en dépression, la recherche en chute libre et les universitaires véritablement en danger... »
Une période de transition
Mais Ahmed Ghannam préfère parler de ce qu’il fait plutôt que de ses problèmes. En 2015, il obtient une bourse d’un an auprès d’une ONG américaine dans le cadre du programme international The Institute of international education scholar rescue fund® (IIE-SRF). Doté de cette allocation, il arrive à Strasbourg avec son épouse et sa fille et y est accueilli à l’Institut de biologie moléculaire des plantes (IBMP), au sein de l’équipe de Christophe Ritzenthaler. Une première année est financée conjointement par ce laboratoire du CNRS et par la bourse SRF. Mais au bout d’un an, la question se pose à nouveau. Le programme Pause (Programme national d’aide à l’accueil en urgence des scientifiques en exil) n’en est alors qu’aux pourparlers préliminaires. L’Université de Strasbourg propose donc de prendre seule en charge quelques mois d’accueil supplémentaires, en attendant.
Le programme Pause est enfin lancé le 16 janvier 2017 et Ahmed Ghannam en est le premier lauréat strasbourgeois... « Bien sûr, il faut un bon CV, un dossier scientifique solide, mais on a aussi besoin de soutien pour redémarrer sa carrière. Pause permet de remettre les scientifiques en exil dans le bain pour qu’ils ou elles puissent retrouver une place dans la recherche. Mais il faut considérer que ce n’est qu’une période de transition, en attendant de pouvoir postuler comme tout le monde à des postes de maîtres de conférence ou des postes de recherche ».
Myriam Niss