Astronomie, sismologie, botanique, anatomie, égyptologie… La richesse et la variété des collections de l’Université de Strasbourg découlent de cinq siècles d’histoire, et en particulier de la période allemande, entre 1871 et 1919.
Les racines de l’enseignement supérieur à Strasbourg remontent au 16e siècle. Comme les autres grandes universités européennes, celle de Strasbourg a cherché à constituer des collections pour l’enseignement et la recherche aux 18e et 19e siècles. Chaque collection a son histoire particulière, mais deux traits particuliers marquent l’identité des collections strasbourgeoises. Le premier est le cabinet d’histoire naturelle de Jean Hermann. Médecin et naturaliste du 18e siècle, il enseignait la médecine et la botanique. À sa mort, les héritiers ont vendu son cabinet à la Ville. Scindé en trois, il est à l’origine des collections de zoologie (qui appartiennent toujours à la Ville), de minéralogie, et certaines de ses planches ont rejoint l’Herbier.
Mais la spécificité des collections relève surtout de leur caractère à la fois français et allemand. Elles se sont en grande partie enrichies, voire constituées, à l’époque allemande, suite à l’annexion de l’Alsace-Moselle après la défaite française de 1871. Les Allemands ont souhaité doter la ville de Strasbourg d’une grande université qui serait la vitrine de leur savoir-faire. Ce sera la Kaiser-Wilhelms-Universität, l’université de l’empereur Guillaume entre 1873 et 1919. Elle est construite sur l’actuel campus, premier élément de la Neustadt, pour rassembler toutes les sciences en un lieu. Elle est dotée de moyens importants pour son équipement et l’acquisition de collections de références (minéralogie, botanique, zoologie), de collections d’égyptologie et de moulages, d’instruments scientifiques, de modèles en cire ou papier mâché… Elle est fondée sur une grande proximité entre l’enseignement et la recherche, un système aujourd’hui familier, instauré à l’Université de Berlin en 1810. Les collections sont les témoins de cette histoire singulière.
À l’instar de Jean Hermann, de nombreux particuliers ont contribué à enrichir les collections par leurs dons. C’est en particulier le cas de l’Herbier. Près de 70% des 80 000 plantes de l’Herbier d’Alsace sont issus de dons. Le plus remarquable est celui de Roger Engel : 10 000 échantillons d’une grande précision, donnés il y a dix ans. « Instituteurs ou pharmaciens, ils étaient des amateurs éclairés qui récoltaient pour leur plaisir, autour de chez eux et dans toute l'Europe. Leurs herbiers sont très bien renseignés » note Michel Hoff, responsable de l’Herbier. « Chaque échantillon est unique et enrichit notre connaissance. Nous pouvons ainsi savoir que telle espèce est présente à telle date du Hohneck au Grand Ballon. Nous rassemblons aussi la flore de Fénétrange et de Guebwiller de 1890. Ce sont des informations précises que l’on peut mettre en relation avec l’impact du réchauffement climatique, par exemple ».