février 2016

Exposition de l’objet scientifique : pédagogie vs patrimoine

Alors qu’une nouvelle exposition au Musée zoologique est actuellement en préparation, comment les objets scientifiques présentés sont-ils choisis ? Comment sont-ils exposés et mis en valeur ? Rencontre avec Astrid Chevolet, responsable de la coordination des actions de culture scientifique au Jardin des sciences.

Delphine Issenmann, chargée de l’inventaire et des collections au Jardin des sciences

L’année de la lumière se termine et c’est pour mieux la prolonger que l’exposition « Lumière ! Explorer l’impossible »* sera inaugurée au printemps prochain au Musée zoologique. Son objet : à travers la recherche de la nature de la lumière et des écosystèmes qu’elle entretient, évoquer la démarche scientifique dans sa complexité. « L’exposition permettra de faire cohabiter les collections d’instruments de physique et celles du Musée zoologique, dont certaines pièces rarement présentées » précise Astrid Chevolet. « Le visiteur sera d’abord amené à suivre le cheminement des scientifiques à partir du 19e siècle et à revivre leurs interrogations sur la nature de la lumière. Il sera ensuite confronté aux effets de cette dernière sur la biodiversité, en immersion dans la forêt de Bornéo puis plongé dans les profondeurs des abysses. ».

Choisir des objets…

Objet archéologique ou instrument, pas toujours facile de comprendre ou d’appréhender l’usage d’un objet scientifique… Il faut effectivement le replacer dans un contexte matériel, environnemental, historique, voire même politique. S’il est parfois possible de faire fonctionner à nouveau un instrument, sa vocation patrimoniale interdit généralement de tenter l’expérience, dans un souci de préservation. L’objet est alors plutôt présenté en tant que témoin, participant au scénario et illustrant le propos. « Seuls quelques instruments, témoins précieux de cette histoire, ont été sélectionnés » précise Astrid Chevolet.

…et les mettre en valeur

Alors que pour la partie zoologique, une scénographie immersive à base de fonds sonores et jeux de lumière permettra de mettre en avant les spécimens naturalisés, la valorisation des instruments de physique est plus complexe, particulièrement lorsque l’on aborde la physique quantique. Ces notions peuvent alors être abordées grâce à d’autres médias, comme des dispositifs interactifs, à l’image de « l’Optic Lab » qui permettra notamment aux visiteurs d’appréhender quelques principes simples de manière ludique en montrant certains comportements du rayon lumineux comme la réfraction. « La physique quantique, l’exploration des abysses ou encore de l’étude de la biodiversité de Bornéo sont des domaines de recherche contemporains, aux enjeux cruciaux pour l’avenir. La présence dans l’exposition d’objets anciens mais aussi de témoignages actuels permettra d’en témoigner. C’est aussi une manière de s’adresser à tous les publics » précise Astrid Chevolet.

 

* Cette exposition est un travail collectif : le commissariat d’exposition assuré par Marie-Dominique Wandhammer, conservatrice du Musée zoologique et Sébastien Soubiran, directeur du Jardin des sciences, est accompagné de Jeanne-Marie Mas, chargée des expositions au Jardin des sciences.

Lentille Fresnel : bientôt bicentenaire mais toujours aussi efficace !

Alors que les phares maritimes étaient jusque-là équipés de lampes à miroirs, Augustin Fresnel propose en 1819 un nouveau système basé sur une lentille. Inspirée des travaux de Buffon visant à concentrer la lumière, sa lentille à échelons permet cette fois de rendre parfaitement parallèle les faisceaux lumineux d’une source de lumière unique. Constituées d’un assemblage de prismes, les lentilles Fresnel sont redoutablement efficaces ; elles équipent d’ailleurs toujours les phares actuels mais également les feux de nos voitures.

Élodie Legrand

Mots-clés

  • collections
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