Aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), les Green blocs se mobilisent pour un hôpital plus écoresponsable.
Patrick Pessaux, chirurgien viscéral aux HUS et président de l’Association française de chirurgie, n’y va pas par quatre chemins : « Alors que la chirurgie exerce un impact carbone non négligeable, c’est un des derniers secteurs où l’on se préoccupe d’environnement. Et le critère environnemental n’est pas pris en compte dans les choix stratégiques de l’hôpital. » Les anesthésistes ont été précurseurs. D’autres professionnels des blocs opératoires les ont rejoints et les Green blocs rassemblent aujourd’hui toutes les catégories d’intervenants, médicaux et paramédicaux, dans un groupe qui réfléchit à des pratiques plus conscientes des enjeux du développement durable.
« Une intervention en salle d’opération produit en moyenne la même quantité de déchets qu’une famille pendant une semaine. »
« Une intervention en salle d’opération produit en moyenne la même quantité de déchets qu’une famille pendant une semaine. L’impact carbone d’une opération chirurgicale sous anesthésie générale est supérieur à celui d’un aller-retour Paris-Lyon en voiture », précise Patrick Pessaux. On a constaté une profusion de déchets plastiques, de matériel jetable, de gaz anesthésiants au protoxyde d’azote, très polluants… » Une situation que les Green blocs veulent améliorer, en n’hésitant pas à pratiquer du lobbying au sein de l’hôpital. De plus en plus de collègues y adhèrent, sur la base du volontariat, les nouveaux réflexes « infusant progressivement ». Des résultats ? Ils sont malheureusement difficiles à quantifier pour le moment, « parce qu’il n’y a pas de personnel pour le faire », déplore le chirurgien.
« Mettre en place des filières de recyclage est une priorité, notamment lorsqu’il s’agit de métaux à usage unique que l’on avait l’habitude de tout simplement mettre à la poubelle après les interventions ! » Ces métaux sont contenus dans les lames des laryngoscopes jetables en inox utilisées pour l’intubation (276 kilos récupérés en un an), l’aluminium des fils des sutures des chirurgiens, et le cuivre présent dans les fils de bistouris jetables. Le recyclage des métaux va être élargi à l'ensemble des blocs opératoires des HUS.
Par ailleurs, les Green blocs suggèrent de passer à un flux plus tendu pour la gestion des stocks en ce qui concerne la consommation du matériel destiné aux interventions : établir des check-lists permettrait de moins gaspiller et de n’ouvrir au fur et à mesure que les emballages réellement nécessaires. « Il s’agit de rationaliser, sans bien entendu que cela ne mette les patients en danger. » Le tri constitue un autre chantier crucial, tous les produits, y compris infectés, étant à l’heure actuelle jetés ensemble, d’où l’urgence de mettre en place des circuits dédiés. « Faire des choix pour un hôpital vert, c’est avoir conscience qu’il faut changer nos habitudes. Et c’est un équilibre délicat à trouver entre dynamique et contraintes. »
Myriam Niss