février 2019

Une fusion en direct : « Demain, l’Université de Strasbourg »

Alain Beretz, premier président de l’Université de Strasbourg, revient sur le processus et les enjeux représentés par la fusion de trois universités en 2009.

Vous étiez président de l’Université Louis-Pasteur depuis un an au moment de la fusion. Pourquoi avoir porté ce projet d’université unique ?

Je ne l’ai pas porté, j’y ai contribué ! La fusion est le produit d’une construction progressive, qui ne résulte pas d’une politique nationale, mais qui est née d’une convergence de convictions, et a été portée par de nombreux acteurs. Rappelons que dès 1991, les trois universités strasbourgeoises avaient développé des activités communes à travers le Pôle universitaire européen. Et c’est à l’occasion de la célébration des dix ans du Pôle en 2001 que les présidents des universités évoquent la fusion de leurs établissements. Le travail s’est poursuivi, surtout après 2005, en trois phases : une première phase d’appropriation politique, une deuxième phase de montage de projet (lors de laquelle seront abordés une soixantaine de sujets différents), une troisième phase de mise en œuvre, qui aboutira à la création de l’Université de Strasbourg au 1er janvier 2009. Il y a eu bien sûr des moments difficiles, mais je garde le souvenir d’une créativité exigeante, et surtout de la détermination et de l’engagement d’acteurs d’origines très différentes.

Quels ont été les premiers projets emblématiques de la fusion ?

Entre réhabilitation de bâtiments, aménagement du Campus vert et mise en place de projets emblématiques comme la Maison universitaire internationale, l’Opération campus fut notre premier succès commun. Et avec lui, l’Université de Strasbourg a bénéficié d’une visibilité symbolique et de l’ouverture sur la ville. S’est ajoutée à cette vitrine l’émergence d’une forte identité, celle de l’Unistra, issue de la création d’une communauté académique réunifiée. Une vision concrétisée par le succès à l’Idex (Initiative d’excellence) en 2012, avec là aussi des projets forts, animés d’une nouvelle énergie, comme l’Institut d’études avancées ou l’Institut de développement et d’innovation pédagogiques.

« Demain, l’Université de Strasbourg », tel était le slogan de la campagne de communication. Que représentait pour vous cette Université de Strasbourg en devenir ?

Il s’agissait avant tout de retrouver une université pluridisciplinaire, fidèle à notre histoire et à nos valeurs, celles de l’université humaniste rhénane de la Renaissance ou de l’université impériale construite sur les principes du philosophe von Humboldt. En couvrant l’ensemble des champs du savoir et en étant plus visible à l’international, l’Université de Strasbourg a relevé le défi de renforcer non seulement son excellence, et donc son attractivité, mais aussi son offre de formation. Et puis, nous avions l’ambition d’une université repositionnée au cœur de la cité qui partage ses savoirs avec les citoyens tout en étant à l’écoute des interrogations de la société. Mais le slogan reste valable dix ans après ; regarder vers demain, cela doit rester la mission et l’ambition de l’Unistra.

Le processus de fusion en quelques dates

Sept 2006 - février 2007

Appropriation politique, qui a conduit les conseils des trois universités à approuver le principe de l'élaboration d'un projet d'établissement commun.

Mars 2007 - février 2008

Conception stratégique et politique, élaboration du Portefeuille d’expériences et de compétences (PEC) du nouvel établissement.

Mardi 26 février 2008

Les membres des conseils des universités Louis-Pasteur, Marc-Bloch et Robert-Schuman adoptent à une large majorité le projet de création d'une université unique à Strasbourg.

Mars 2008 - avril 2009

Préparation et démarrage de la construction du projet d’établissement commun.

1er janvier 2009

Les trois universités de Strasbourg se regroupent officiellement en un seul établissement.

Avril 2009 - septembre 2010

Intégration et consolidation du socle qui a consisté à expérimenter les nouvelles fonctions, à mettre en place les nouveaux modes opératoires et les nouvelles modalités de pilotage.

Mathilde Hubert