février 2019

Attractivité fusionnelle

Dix ans après la fusion, l’Université de Strasbourg est-elle plus performante que les trois établissements qui lui préexistaient ? Nous avons posé la question à son président, Michel Deneken.

Si l’on se place du point de vue des étudiants, des enseignants, ou des chercheurs, en quoi la fusion de l’Université de Strasbourg a-t-elle changé leur vie ?

Au risque de vous surprendre je dirais que ça n’a pas changé grand-chose. Un étudiant choisit une filière : droit, anglais ou médecine… Il le faisait aussi autrefois. Maintenant il est étudiant d’une seule université. Mais au fond, ça ne modifie pas fondamentalement sa scolarité. Il en va de même pour les enseignants-chercheurs, sauf que les disciplines se rencontrent dans les conseils, des synergies voient le jour, des idées de parcours pluridisciplinaires deviennent plus évidentes… Quant à la recherche, elle travaillait déjà en lien très étroit avec l’enseignement. En fait, ce sont les personnels Biatss (bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniques, sociaux et santé) qui ont été les plus impactés en amont et en aval de la fusion, car nous avons fusionné les services et unifié les procédures. On leur doit une part essentielle dans la réussite de cette fusion.

Finalement quel bilan faites-vous de la fusion ?

L’Université de Strasbourg est plus lisible à l’international, plus riche en disciplines, plus performante.

Est-ce que c’est mieux aujourd’hui qu’avant ? Contre une certaine mode de la nostalgie, je dirais oui. L’Université de Strasbourg est plus lisible à l’international, plus riche en disciplines, plus performante. Grâce à la fusion, nous avons été la première université à obtenir l’IdEx (Initiative d’excellence). Par ailleurs, hasard ou pas, trois des quatre prix Nobel en exercice à l’Université de Strasbourg ont reçu leur prix depuis la fusion des universités. C’est symboliquement très fort.

Un des paris de la fusion concernait aussi l’ouverture de l’université sur la cité. L’avez-vous réussi ?

Ce qui a toujours caractérisé le site universitaire strasbourgeois, c’est son insertion dans la ville : ne serait-ce que du point de vue de la géographie. Mais la fusion a incontestablement conforté cette immersion culturelle, scientifique et sociale tant dans la ville que dans l’Alsace en général. Et bien sûr, la discussion et les partenariats avec l’ensemble des collectivités territoriales s’en sont trouvés grandement facilités. Cela nous donne plus de facilité et d’agilité.

La fusion a-t-elle facilité la gestion de la rareté des moyens ?

D’une manière générale je dirais qu’à chaque fois, nous avons retenu, autant que possible, le meilleur des méthodes de gestion des trois établissements préexistant à la fusion. Du point de vue de la gestion des ressources humaines, nous avons systématiquement choisi le mieux disant. Dix ans après, l’Unistra est bien gérée techniquement et politiquement, ce qui lui permet d’aller vers toujours plus d’autonomie.

Quels sont les grands projets des dix prochaines années ?

Déjà nous allons achever le Plan campus engagé un peu avant la fusion. Nous allons multiplier les synergies entre recherche et enseignement, par exemple en créant de nouveaux instituts, écoles universitaires de recherche. Nous allons continuer d’accompagner le rapprochement ou la fusion des composantes qui le souhaitent. Et il nous faudra bien sûr gérer l’augmentation de la population étudiante, très forte à Strasbourg du fait de notre attractivité.

Propos recueillis par Jean de Miscault