février 2020

Former les étudiants à l'esprit d'entreprendre

« C’est en faisant qu’on apprend », voilà qui résume le parcours initiatique d’un entrepreneur. Une vision dont l’université s’empare pour former de plus en plus de jeunes à l’entrepreneuriat. Michel de Mathelin, vice-président Valorisation et relations avec le monde socio-économique, revient sur les stratégies et enjeux de la formation à l’entrepreneuriat au sein de l’université.

Michel de Mathelin
Michel de Mathelin

Quel est le rôle de l’université dans l’entrepreneuriat ?

L’université est un acteur important du développement économique régional et national. Dans une économie de la connaissance, l’université a une responsabilité à former à l’entrepreneuriat. Elle doit s’adapter aux attentes de la société et former des personnes capables d’initiative, de créativité, de ténacité et de savoir agir. Beaucoup de dispositifs ont été mis en place comme le statut d’étudiant-entrepreneur, le pôle Pépite Etena ou encore Conectus pour les chercheurs et l’incubateur Semia.

L’université peut-elle apprendre à entreprendre ?

L’une des qualités des entrepreneurs, c’est l’engagement. Se lancer dans un projet entrepreneurial c’est un investissement en temps, en énergie, en ressources. C’est exigeant. Mais c’est aussi une autre lecture du monde, la capacité à prendre des risques comme à gérer l’échec. Dans un projet entrepreneurial, on apprend également à être compréhensible, à travailler son discours, à convaincre. Des compétences qui sont transversales à tout type de formation. Tous les étudiants pourraient être formés à « l’esprit d’entreprendre », même s’ils ne deviennent pas tous des entrepreneurs. Mais c’est avant tout une évolution de mentalités et c’est pour l’instant davantage les étudiants ou les jeunes scientifiques qui sautent le pas.

Quel impact pour la recherche ?

« L'université doit former des personnes capables d’initiative, de créativité, de ténacité et de savoir agir. »

Depuis la loi Allègre de 1999, les universitaires peuvent créer une entreprise de type start-up et déposer des brevets. En France, même si de nombreux chercheurs peuvent être séduits par l’idée, peu sont ceux qui vont réellement sauter le pas. Comment se mettre en relation avec le monde de l’entreprise ? Comment trouver le temps et les compétences qui me manquent ? Comment protéger mon invention ? Autant de questions qui peuvent être un frein à la démarche de création d’entreprise et auxquelles l’université doit permettre de répondre. Il faut encourager les chercheurs à développer des projets entrepreneuriaux, car les qualités d’un chercheur-entrepreneur nourrissent également sa recherche ; il leur faut se remettre en question, se confronter au réel et s’interroger sur l’impact de la recherche.

Les startupers en parlent

Tristan Kopp, étudiant-entrepreneur

En train de créer une agence web dédiée à la culture : « J’ai interrompu mon Master 2 Approches critiques des arts de la scène. Je ne me retrouvais pas dans la formation, et la recherche n’est pas ma tasse de thé. Je me suis aperçu que les structures culturelles souffraient souvent d’un déficit de communication numérique. Grâce au programme Starter de Pépite Etena, j’apprends tout ce qu’un entrepreneur doit savoir : le management de projet, le marketing en ligne… Avec mon agence web, j’ai envie d’apporter ma propre expertise aux institutions culturelles. Je veux aussi travailler seul : cela permet d’aller plus vite et plus loin. »

Propos recueillis par Mathilde Hubert