Comment les Instituts thématiques interdisciplinaires vont-ils modifier les missions formation et recherche de l’Unistra ? Réponses avec Catherine Florentz, vice-présidente Recherche et formation doctorale.
L’Unistra crée quinze Instituts thématiques interdisciplinaires. De quoi s’agit-il ?
Ces Instituts financent des programmes de recherche de haut niveau interdisciplinaire et, en même temps, des programmes de formation par la recherche, du M1 au doctorat, les fameux graduate schools à la française, équivalents des écoles universitaires de recherche (EUR). En résumé, un ITI, c’est l’équivalent d’un Labex (Laboratoire d’excellence) plus une EUR. Ceci ne veut pas dire que nous avons simplement reconduit les anciens Labex : sept ITI correspondent à des projets émergents. C’est aussi la première fois que la formation et la recherche travaillent ensemble sur un programme de grande envergure.
Du coup, que deviennent les Labex et les EUR ?
Les quatre EUR financées par l’Agence nationale de la recherche au titre des Investissements d’avenir (Idex) subsistent jusqu’en 2028. Simplement nous mettons en place des graduate schools là où il n’y a pas d’EUR. Dès le 1er janvier 2021, certains Labex se retrouveront sous une forme élargie à une plus grande interdisciplinarité au sein d’un ITI en intégrant également une graduate school. D’autres ITI réuniront plusieurs anciens Labex afin de constituer une force de frappe plus importante. Par exemple, l’ITI IMC-Bio (Interdisciplinary institute for integrative molecular and cellular biology) regroupera quatre anciens Labex en biologie moléculaire et cellulaire et a déjà décroché une EUR au niveau national. Cela formera un consortium où la recherche de très haut niveau sera à la base de l’école universitaire de recherche.
Comment se caractérise le lien avec l’Idex « Dépasser les frontières » ?
Dès lors que tout l’argent dévolu aux Labex a été transféré à l’Unistra dans le cadre de cet Idex, il était de notre responsabilité de dire ce que nous allions faire de ces moyens financiers. Nous avons donc, conjointement avec nos partenaires Idex, CNRS et Inserm, décidé de lancer cet appel à projets des ITI afin d’enrichir les anciens programmes en y adjoignant la formation par la recherche. Nous avons par ailleurs répondu au nouvel appel à projets national Structuration de la formation par la recherche pour les sites Idex/Isite (SFRI), qui doit nous permettre de financer les EUR intégrées dans les nouveaux ITI.
Pouvez-vous rappeler ce qu’était cet Idex « Dépasser les frontières » ?
Il s’agit de dépasser les frontières dans tous les sens du terme : acquérir de nouvelles connaissances, initier des méthodes pédagogiques innovantes, envoyer nos étudiants partout dans le monde, inviter des étudiants et des enseignants chercheurs étrangers, faire tomber les barrières administratives et celles entre l’université et le monde socio-économique.
Qu’est-ce que les ITI vont changer concrètement dans la formation et la recherche ?
Les musiciens travailleront avec les mathématiciens, les mathématiciens avec les biologistes, les historiens avec les artistes… Cela nous permettra de mieux nous emparer des grands enjeux sociétaux. Prenez les questions du climat ou de l’impact des religions sur les comportements sociétaux, si vous vous contentez d’une seule approche vous obtenez un résultat très partiel. En revanche en croisant les disciplines, votre vision s’élargit et devient beaucoup plus pertinente.
Que deviennent les projets qui n’ont pas candidaté ou qui n’ont pas été retenus ? Finalement ne craignez-vous pas de mettre en place une université à deux vitesses ?
Les ITI ont rencontré un réel engouement : au final, ils rassemblent 68 % des enseignants chercheurs et chercheurs statutaires. Que l’on fasse partie d’un ITI ou pas, les ressources de base restent à la disposition de tous : financements récurrents, contrats doctoraux de l’établissement et appels à projets nationaux ou européens restent ouverts. Ce que nous visons, c’est une université à une seule vitesse avec un objectif ambitieux partagé vers lequel nous tentons de mener chacun avec ses capacités et son énergie, coexistant avec une université à mille vitesses dans laquelle chacun est différent. C’est riche de ces différences que nous pourrons avancer tous ensemble.