Inauguré en 2019, le datacenter de l'université a été distingué par la Commission européenne comme l’un des plus écoresponsables de la planète. Géocooling, récupération de chaleur et aménagement intérieur novateur, la haute efficacité énergétique a été pensée dès la conception. Visite guidée avec Romaric David, son responsable.
Un datacenter consomme plus de la moitié de son énergie rien que pour refroidir ses serveurs. Mais pas celui de Strasbourg qui a une ressource renouvelable sous ses pieds : la fraîcheur constante de la nappe phréatique à 40 mètres de profondeur. « Grâce aux quatre puits géothermiques construits à ses abords, l'eau de la nappe permet de refroidir l'air des salles informatiques », explique Romaric David, de la direction du numérique.
Au rez-de-chaussée, la salle qui abrite l'installation a des allures de salle des machines : un labyrinthe de tuyaux où circulent les flux d'eau à 16 et 21 degrés, trois échangeurs thermiques et deux pompes à chaleur. En hiver, le géocooling s’arrête, les pompes à chaleur prennent le relais pour chauffer les bâtiments du campus, via son réseau de chaleur, en récupérant les calories produites par les serveurs. Toute l’installation est automatisée et supervisée en permanence.
« L’aménagement des quatre salles informatiques, qui abritent les serveurs sur 450 m2, a été pensé pour que l’air froid et l’air chaud suivent un chemin balisé, entre échangeurs et serveurs », indique Romaric David. Ils sont enfermés dans des armoires maintenues à 25 degrés dans les allées dites froides, séparées des allées dites chaudes où s'emmagasine l'air chauffé par les serveurs avant d'être évacué et refroidi. Ce cloisonnement optimise le refroidissement.
Le projet a mobilisé une vingtaine de personnes de la direction du numérique et de la direction du patrimoine immobilier. L’inscription du datacenter dans une construction neuve, dans le cadre de l’Opération campus, a été une aubaine car l'objectif de haute efficacité énergétique a pu être intégré très en amont, dès la phase programme. « Un autre objectif a guidé nos choix, la résilience. La datacenter doit fonctionner en continu en toute circonstance, quels que soient les pannes. C'est pourquoi, nous avons prévu des redondances : deux puits de pompage et deux puits de rejet, deux transformateurs, des batteries et des groupes électrogènes qui prendraient le relais au cas où les transformateurs s’arrêteraient », souligne l'informaticien. Le datacenter héberge les serveurs de l'université, le centre de calcul (mésocentre) et bientôt les serveurs des laboratoires de recherche et de partenaires, il n’est pas question qu'il tombe en panne.
Le datacenter de l'université a obtenu l'écolabel européen, le « Code of conduct data centres » qui recense 200 bonnes pratiques, une reconnaissance de son efficacité énergétique. Mieux, il a été primé parmi les trois datacenters les plus performants au monde en 2019 ! Il affiche un PUE (Power usage effectiveness) de 1,25, alors que la plupart dépasse 2. Le PUE mesure l’efficacité énergétique par le rapport entre l'énergie totale consommée et celle réellement utilisée par les équipements informatiques. Plus il est proche de 1, plus le datacenter est performant.