juin 2021

Les étudiants de l’EM veulent nous faire manger des insectes

Comment nourrir l’humanité ? C’est à cette question cruciale pour notre avenir commun que doivent répondre les étudiants en première année de l’École de management Strasbourg (EM Strasbourg). L’étude de cas transdisciplinaire mêle stratégie, marketing et comptabilité. Bon appétit !

Amélie Boutinot, enseignante-chercheuse au sein de l'EM Strasbourg. Photo DR

Comment passer de la théorie à la réalité concrète ? Comment casser les silos disciplinaires ? Comment rejoindre les valeurs constitutives de l’ADN de l’EM Strasbourg, que sont la différence, le développement durable et l’éthique ? Vaste programme, dont fut chargée, en 2018, Amélie Boutinot, alors fraîchement recrutée comme enseignante-chercheuse. D’abord trouver l’idée géniale qui marquera les étudiants en première année… et les motivera. Parmi les neuf « grands enjeux de demain » répertoriés par BPI France (la Banque publique d’investissement), Amélie Boutinot relève le cinquième : nourrir l’humanité. Bingo ! Les étudiants vont gérer une entreprise fictive, chargée de nourrir l’humanité à partir d’insectes.

Les enseignants en stratégie, en marketing et en comptabilité financière se mettent autour de la table et construisent le projet pédagogique. Nom de l’entreprise, nombre de salariés, produits… tout y passe. L’entreprise s’appellera EntomoVoria, elle produira des ténébrions molitor (vers de farine), sera installée à Strasbourg et comptera 42 salariés. Actuellement, ces charmantes bestioles, transformées en farine ou en huile, sont déjà utilisées pour la fabrication d’aliments pour chien, chat ou poisson. Comment les faire accepter par des consommateurs français ? C’est finalement à cette question que doivent répondre les 400 étudiants de première année, répartis en groupes de cinq, lors de la rentrée 2019.

Projet d’utilité sociale

Crédit photo : Pascal Bastien

Tous les cours de stratégie, marketing ou comptabilité financière du premier semestre sont construits autour de cette étude de cas transdisciplinaire. Par exemple, en stratégie, comment utiliser l’analyse Pestel (politique, économique, sociologique, technologique, écologique, légal) afin de mieux caractériser le macro-environnement d’EntomoVoria ? Et quel sera l’impact du positionnement stratégique et des choix marketing sur la compatibilité ? Car au final, l’entreprise doit bien sûr, être rentable.

Après une première expérience réussie en 2019, l’étude de cas est à nouveau proposée pour cette rentrée 2020 avec quelques améliorations : un fonds documentaire élagué, un positionnement commercial recentré vers le consommateur final… Le succès auprès des étudiants, s’il n’est pas unanime, est largement partagé. « Lors de notre première réunion en amphi, nous constatons que le projet leur parle, se réjouit Amélie Boutinot. Ils opinent du chef, posent des questions. Ils ont besoin de se rattacher à du concret au travers de projets d’utilité sociale qui fassent sens. Et nous, nous démontrons qu’une école de management peut aussi s’intéresser à des missions d’intérêt sociétal. »

Jean de Miscault

Au nom de l’éthique

« Nous avons voulu montrer qu’une business school peut s’intéresser à des missions sociétales, explique Amélie Boutinot, enseignante-chercheuse à l’EM Strasbourg. De même, une entreprise ne sert pas uniquement à faire de l’argent : elle doit avoir une mission plus haute. Cela rejoint une des valeurs de l’EM Strasbourg, qui est l’éthique. »