Quoi de plus logique que de prendre en compte les problématiques environnementales quand on s’appelle École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (Engees) ? Précisément, cette thématique infuse toute l’activité de l’école, et notamment ses formations, comme l’explique Marianne Bernard, directrice des études depuis treize ans.
À quand remonte la prise en compte de la préoccupation environnementale dans les formations dispensées par l’Engees ?
En fait, elle existe depuis la création de l’école au début des années 1950. Cette thématique est intrinsèque au génie de l’eau. Même si les problématiques environnementales étaient moins discutées dans la société, la question de l’accès à l’eau pour tous, par exemple, était déjà un point d’alerte, avec des enjeux sociétaux importants.
Depuis, évidemment, la préoccupation environnementale n’a fait que croître. Elle a aussi été mise en mots : gestion des déchets, trame verte et bleue, pollution de l’eau, puis économie circulaire, bilan carbone… Autant de concepts qui n’existent que depuis les années 1990 ou 2000. L’autre différence tient à ce que, dans les formations, on a aussi formalisé les compétences associées à ces savoir-faire.
Concrètement dans les formations, comment se traduit cette orientation « développement durable et responsabilité sociétale » (DD et RS) ?
Elle infuse toute la formation technique des ingénieurs. On leur apprend par exemple, à mesurer l’influence d’une technologie sur le climat, à travailler sur les cycles de vie, à calculer un bilan carbone. Mais aussi à réfléchir aux enjeux sociétaux et économiques associés à la technique, à leurs conséquences. C’est aussi une thématique très transversale, qu’on retrouve dans toutes nos formations, aussi bien en mastère spécialisé que dans la licence professionnelle Pegeur* : 50% de nos unités d’enseignement y sont rattachés de près ou de loin.
Est-ce important de former des ingénieurs sensibilisés à ces questions ?
Bien sûr, c’est un véritable enjeu de société : notre rôle est de les faire réfléchir sur la place de l’ingénieur et sa capacité d’action dans ce domaine. C’est d’ailleurs assez facile car on voit que cette génération est hyper réceptive à ces thématiques, très moteur dans la mise en œuvre d’actions DD et RS dans l’école, par exemple. Quant aux employeurs, ils sont en demande de trouver des ingénieurs bien formés sur cette question. Nous avons dans nos effectifs des ingénieurs en apprentissage et nous constatons que les entreprises qui les accueillent n’ont aucune difficulté à trouver des thématiques d’étude pour un projet DD et RS.
Propos recueillis par Caroline Laplane
* Licence professionnelle Protection de l’environnement, Gestion des eaux urbaines et rurales, co-accréditée avec l’Unistra
L’Engees a été l’un des dix premiers établissements d’enseignement supérieur français à obtenir un label DD et RS en mai 2016. Ce label récompense une série d’actions déployées à l’école et ancrées dans la durée. L’école a depuis 2012, structuré sa démarche autour d’un « plan vert » rassemblant plus de 50 actions, qui vont de l’achat de mobilier éco-labellisé, à la distribution d’écocups, en passant par l’organisation de conférences sur le développement durable, la prise en compte du handicap dans l’école, etc… Récemment, l’Engees a décidé de compenser les émissions carbone générées par les mobilités à l’étranger des étudiants.