juin 2021

Entre les lignes

Quel rapport entre un étudiant en lettres et la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) ou une étudiante en sciences et un enseignement sur les discriminations ? Plusieurs initiatives à l’université intègrent la question de la discrimination ou de la responsabilité sociale non pas comme un enseignement disciplinaire mais plutôt comme un fil rouge commun à tous.

Initier un dialogue constructif

Eve Ballorain et Isabelle Kraus de la mission égalité-parité. Crédit photo : Catherine Schröder

Qu’elles soient raciales, liées au handicap, à l’âge, à l’orientation sexuelle, au genre, les discriminations sont l’affaire de tous. Proposer un tel enseignement d’ouverture à des étudiants non spécialistes était un projet qui tenait à cœur depuis longtemps à Isabelle Kraus, vice-présidente égalité-parité. Un module que cette enseignante-chercheuse en physique avait déjà éprouvé avec ses collègues au sein de l’Ecole de chimie, polymères et matériaux où il a été intégré au tronc commun de la première année du cycle ingénieur en 2012. Depuis la rentrée 2019, un tel enseignement (1) ouvert à tous les étudiants de licence est proposé par une équipe interdisciplinaire composée d’enseignants de chercheurs et de partenaires externes (SOS homophobie, SOS France-victimes) et internes (Mission handicap, Espace avenir). « La diversité des intervenants apporte une richesse dans les regards qui se matérialise au travers d’une construction commune des savoirs. Au-delà du cours, c’est une expérience pour les étudiants sur la capacité à entendre l’autre sans le juger, à initier un dialogue constructif », commente Eve Ballorain, chargée de projet au sein de la mission égalité-parité. 37 étudiants étaient inscrits au premier semestre et 47 au second. « Même si ce chiffre est faible, la présence d’un tel cours donne un message sur les valeurs de l’université. Le modèle idéal repose sur une proximité où les enseignants des cours disciplinaires, non-spécialistes mais sensibilisés, sont associés à ce type d’enseignement d’ouverture. Plusieurs initiatives ont depuis émergées dans des composantes avec par exemple l’organisation de journées de sensibilisation. Je pense qu’en agissant ainsi, nous plantons quelque chose », ajoute Isabelle Kraus.

Analyser de manière critique

Catherine Schnedecker, professeur de linguistique. Crédit photo : Catherine Schröder

Depuis septembre 2019, les étudiants du parcours sciences du langage du master Lettres de la Faculté des lettres ont la possibilité de choisir un nouveau module RSE1. Une option pré-professionnalisante, unique en France, qui leur permet d’être formés aux normes et règlementations en vigueur dans le domaine mais aussi aux spécificités linguistiques des discours sur ce thème dans les entreprises. Les étudiants seront capables d’analyser de manière critique ces textes comme de produire des discours règlementant et promouvant la RSE. « Cette spécialité thématique que nos étudiants acquièrent en plus de celle sur le langage et le discours est une ouverture vers de nouveaux métiers », explique Catherine Schnedecker, professeur de linguistique et co-porteuse2 de ce projet. Ce module a abouti au projet : « Pour une Faculté des lettres socialement responsable ». Dans le cadre de leur formation, les étudiants en master 2 ont l’objectif de dresser un bilan des pratiques RSE actuelles au sein de la faculté et de produire un cahier blanc destiné à amener ses usagers (étudiants, enseignants, administratifs) à cette démarche. « Ce projet très concret permettra aux étudiants d’enrichir leur portefeuille de compétences et participera à l’évolution de la Faculté des lettres. »

Fédéric Zinck

1 Projets financés dans le cadre des Initiatives d’excellence.

2 Avec Francine Gerhard-Krait et Marie Lammert, maîtres de conférences à la Faculté des lettres.