Et si le développement durable et la responsabilité sociétale pénétraient au cœur de toutes les formations dispensées à l’université ? Éléments de réflexion et de réponse avec Benoît Tock, vice-président Formation de l’Unistra.
Comment les exigences du développement durable et de la responsabilité sociétale sont-elles intégrées dans les formations proposées par l’Unistra ?
Je voudrais d’abord rappeler la politique générale de l’Unistra en la matière : ce sont les composantes qui organisent leur offre de formation. Nous avons tenté de recenser les enseignements existant sur ces sujets. Nous nous sommes heurtés à une première difficulté : pouvoir définir très clairement ces deux concepts de développement durable et de responsabilité sociétale. Lorsque, par exemple, les chimistes cherchent à réduire la quantité de matière nécessaire, comme le pétrole, pour élaborer des produits finis, ne participent-ils pas aussi au développement durable ? Compte tenu de cette première difficulté de définition, je ne suis pas sûr qu’il soit possible de faire un recensement exhaustif. En revanche, beaucoup de composantes intègrent ces dimensions parce qu’elles y sont confrontées. C’est finalement davantage sur la réflexion autour de ces concepts que nous pourrions progresser. La Faculté de philosophie pourrait ainsi créer un enseignement sur ce sujet : qu’est-ce que le développement ? La Faculté des sciences historiques pourrait, elle, se pencher sur l’histoire de l’environnement. Et ces enseignements pourraient être mis à disposition de l’ensemble de l’université.
On pourrait donc imaginer de nouveaux enseignements, pourquoi pas de nouveaux masters ?
« De nouveaux masters interdisciplinaires sur le sujet pourraient tout à fait être élaborés. »
De nouveaux masters interdisciplinaires sur le sujet pourraient tout à fait être élaborés. Par ailleurs, actuellement, nous pourrions presque mettre l’ensemble de l’offre de formation de la Faculté des sciences sociales en responsabilité sociétale. Sur des aspects plus précis, la Faculté de sciences économiques ou l’École de management sont, elles-mêmes, très averties sur cette thématique. Nous préparons l’offre de formation 2023, ce sera l’occasion de repenser le sujet, notamment en favorisant les enseignements transversaux sur ces deux concepts.
Pourrait-on imaginer un enseignement de base et obligatoire dans toutes les composantes sur ces thématiques, à la manière des langues ou de l’informatique ?
Je voudrais que nous évitions les cours de catéchisme. C’est-à-dire une doctrine à apprendre ou des messages tout faits. Si ces enseignements sont conçus sous forme d’interrogation – qu’est-ce que le développement durable et la responsabilité sociétale ? quelles en sont les dimensions ? comment, en tant qu’enseignant ou étudiant, puis-je intégrer cette réflexion ? – là cela devient intéressant. Peut-être pourrions-nous imaginer une sorte de guide sur ces enseignements que nous mettrions à disposition des composantes et qui pourraient s’en emparer. Mais du coup nous allons nous heurter au problème des moyens, tels que nous les connaissons déjà sur l’enseignement des langues.
Propos recueillis par Jean de Miscault