L’appel à projets « Universités européennes », lancé dans le cadre du programme Erasmus+ de la Commission européenne a eu un écho très favorable. Pas de moins de 54 dossiers ont été déposés. L’Université de Strasbourg s’est alliée à sept établissements européens pour déposer le projet EPICUR. Éclairage sur les enjeux de ces universités européennes avec Alain Beretz, chargé par le Premier ministre d’une mission sur les universités européennes.
L’appel à projets « Universités européennes » a été lancé par la Commission européenne, en écho au discours de la Sorbonne prononcé par le Président de la République en septembre 2017. En l’espace de quelques mois et malgré la complexité des dossiers à monter, 54 projets ont été soumis. Comme le souligne Alain Beretz, « toutes les universités voudraient en être », mais seules douze seront sélectionnées. Il poursuit en expliquant : « L’Europe, dans ses fondamentaux, parle aux universitaires. Et ce depuis longtemps : Érasme, le voyageur, n’est-il pas un bon exemple d’universitaire européen de la Renaissance ? »
Faire ses études dans les universités européennes est une expérience passionnante, qui permettra d’obtenir des diplômes en étudiant dans plusieurs pays de l’Union européenne, de se sentir chez soi dans plusieurs universités, de tester de nouvelles modalités d’enseignement et des pédagogies innovantes inspirées de la recherche, de s’exprimer en plusieurs langues, d’être dans une démarche interdisciplinaire...
De ces liens doivent surgir de nouvelles générations de citoyens, dotés de « vraies consciences européennes ».
En jetant des ponts sur les frontières, les universités européennes se montrent aussi des promotrices convaincues et convaincantes des valeurs européennes : « L’étudiant est un acteur fondamental de la construction de l’Europe, la jeunesse le fait beaucoup mieux que la Politique agricole commune ! » estime Alain Beretz, pour qui les partenariats créés entre toutes ces universités ont valeur de « symboles de confiance et d’enthousiasme par rapport à l’Europe ». De ces liens doivent surgir de nouvelles générations de citoyens, à formation et à ouverture internationales, dotés d’une « vraie conscience européenne ».
« Les deux premières années seront consacrées à l’expérimentation, l’objectif étant de créer les bonnes conditions pour rédiger au mieux le prochain appel de 2021 et déboucher sur un label si le cahier des charges a été bien rempli. Et d’ici à 2022, plus de vingt réseaux d'universités européennes auront vu le jour ».
Le projet Epicur déposé sous la conduite de Christelle Roy, vice-présidente Stratégies et développements de l’Université de Strasbourg s’appuie sur les trois fonctions stratégiques de l’université : formation, recherche, innovation. Huit universités de six pays composent cette alliance : Université d’Amsterdam (Pays-Bas), Université de Haute-Alsace et Université de Strasbourg (France), Université Adam-Mickiewicz de Poznan (Pologne), Université de ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne (Autriche), Institut de technologie de Karlsruhe et Université de Freiburg (Allemagne), Université Aristote de Thessalonique
Morna Holmes étudie la comptabilité et le français à Glasgow. Cette année, depuis la rentrée de septembre, elle est inscrite à l’Ecole de management de Strasbourg. « Depuis que je suis ici, je me suis fait beaucoup d’amis qui sont comme moi étudiants Erasmus. J’ai des amis qui viennent de Norvège, des Pays-Bas, d’Italie… J’ai déjà rendu visite à une amie en Belgique qui était à l’EM au premier semestre. Je me sens plus européenne que jamais. Et à Strasbourg, je ressens un fort sentiment d’appartenir à une communauté. Je fais partie d’un groupe de course à pied, je fréquente une église, je suis membre de l’association Erasmus Student Network… Et je viens d’Ecosse, où on a voté en majorité pour rester dans l’Union européenne ! »
Simon Uricher est parti six mois à Cork en Irlande en 2015, alors qu’il était en deuxième année de DUT informatique à l’UIT Robert-Schuman d’Illkirch-Graffenstaden. « Au cours de cette expérience, je me suis senti citoyen international plus qu’européen. En plus des étudiants Erasmus, j’ai rencontré des gens du monde entier : des Indiens, des Chinois, des Japonais… Finalement, on apprend à ne plus regarder les nationalités, mais à s’y intéresser seulement pour découvrir les nouveautés qu’elles apportent. On apprend à connaître de nouvelles religions, de nouvelles spécialités culinaires… C’est une expérience très enrichissante dont je garde un excellent souvenir. »
Camille Dieudonné, personnel administratif de la direction des relations internationales : « Je suis partie en juin 2018 pour une staff week à Thessalonique en Grèce. En travaillant dans le domaine européen, je n’envisageais pas de ne pas partir. Participer à ce type de séjour permet de rencontrer des personnes qui possèdent une culture et une vision différente, c’est toujours enrichissant. Se retrouver dans un groupe avec une dizaine de nationalités différentes et discuter sur les mêmes sujets, cela fait prendre conscience de l’existence d’un peuple européen. On perçoit une volonté de travailler ensemble au-delà de l’aspect nationaliste. Et cela donne envie de repartir pour échanger à nouveau et rencontrer de nouvelles personnes. »