mai 2019

« Eucor est notre laboratoire d'expériences »

Eucor – Le Campus européen est depuis plusieurs décennies un pilier de la coopération transfrontalière en associant les universités de Bâle, Fribourg, Mulhouse, Strasbourg et le Karlsruher institut für technologie (KIT). La recherche en est le fondement, comme l’explique son vice-président, Joern Pütz*.

Est-ce qu’Eucor a préfiguré les universités européennes ?

Bien sûr. Eucor existe depuis 30 ans, il partait alors d’une initiative « bottom up » émanant d’enseignants-chercheurs des universités rhénanes. En 2015, avec le soutien politique des cinq universités, des cinq régions et des gouvernements, nous sommes allés plus loin en créant une entité juridique, le premier Groupement européen de coopération territoriale (GECT) piloté par des universités. Ce n'est pas une fusion, mais il y a une gouvernance commune, des moyens et des projets communs. L'objectif est de soutenir toutes les initiatives de coopération, de favoriser la mobilité des étudiants, enseignants-chercheurs et personnels, de créer des cursus doublement ou triplement diplômant.

Pourquoi Eucor n'a pas candidaté à l'appel à projet européen ?

« La valeur ajoutée d’Eucor est surtout la proximité. »

Eucor avait l’appui politique des régions pour devenir l’université européenne par excellence. Malheureusement l’Université de Bâle ne faisant pas partie de la zone Erasmus+ **, Eucor n’était pas éligible en tant que tel. Mais les quatre autres universités d’Eucor forment la base du projet Epicur. La valeur ajoutée d’Eucor est surtout la proximité. Il est assez simple d’organiser une réunion entre universités voisines. Et puis il existe une confiance totale entre les cinq partenaires. Cette confiance a conduit à la réussite du projet Qustec.

Ce projet est lauréat de l’appel CoFund de l’Union européenne dans le programme H2020, que signifie-t-il ?

Depuis deux ans, les chercheurs en sciences quantiques des universités de Bâle, Fribourg, Strasbourg et du KIT, qui sont mondialement reconnus, se sont mobilisés à travers Eucor pour répondre à cet appel à projets, avec le département Recherche d’IBM. Qustec a été classé deuxième sur 114 projets soumis. C'est la première fois qu'un GECT est lauréat d'un appel à projet de l'UE, au même titre qu’une université.

J'aimerais que d'autres chercheurs soient inspirés par cette réussite, qu'ils aient envie de construire d'autres projets CoFund avec Eucor pour mener une recherche et une formation d'excellence. Eucor est notre laboratoire d’expériences, pour développer la coopération franco-allemande, européenne, internationale. Nous allons nous appuyer sur les expériences et les résultats obtenus. Ils pourront inspirer la construction du réseau européen Epicur.

* Joern Pütz est aussi vice-président délégué aux relations franco-allemandes de l’Université de Strasbourg.

** Les pays membres de l'Union européenne et l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège, la Turquie, la Macédoine, la Serbie.

9,1 millions d’euros pour la recherche transfrontalière en sciences quantiques

Le projet Qustec (Quantum Science and Technologies at the European Campus) vise la création d’un programme doctoral trinational en sciences quantiques, avec le recrutement de 39 doctorants. C’est un des quatre domaines de coopération et de recherche prioritaires d’Eucor, avec la médecine de précision et personnalisée, le développement durable et les identités européennes. 4,2 millions sont financés par l'UE.

Faire l’expérience de la mobilité pour mieux la comprendre

Andrea Young, enseignante et directrice adjointe chargée des relations internationales de l'Ecole supérieure du professorat et de l’éducation (Espe) et Isabelle Four Schacke, chargée du secrétariat de ce service, sont parties en binôme en staff week à Budapest en mars dernier. De par sa fonction, Andrea Young part tous les ans dans divers pays européens, mais pour Isabelle Four Schacke c’était une première. « Avant de partir j’étais un peu inquiète. J’avais l’angoisse de prendre l’avion, de parler anglais… Mais au final, c’était très intéressant de voir comment se passe une mobilité et de s’immerger dans un environnement anglophone. Cela m’a motivé à apprendre la langue », admet-elle. « Comprendre une mobilité sans la vivre c’est difficile à imaginer », ajoute Andrea Young. Elle qui possède la double nationalité franco-britannique, se sent européenne « depuis longtemps » !

« Lever les freins à la mobilité »

Irini Tsamadou-Jacoberger, vice-présidente Relations internationales

« Notre politique d’établissement s’est fixé comme objectif l’augmentation des mobilités pour tous les publics de 30% d’ici 2021. Dans ce but, les mesures prises et les actions engagées devront lever les trois freins souvent évoqués envers la mobilité à savoir les freins financier, linguistique et psychologique. Nous avons engagé une réflexion particulière portant sur la valorisation de l’expérience de la mobilité et sur le renforcement de son impact sur les domaines personnel, académique et professionnel. Bien que le dispositif Erasmus+ soit notre levier majeur pour la promotion de la mobilité en Europe, nous candidatons aussi à d’autres programmes et nous participons activement à des réseaux européens comme l’Université franco-allemande, le réseau Académic Consortium 21, le réseau Utrecht et le réseau Eurolife. Nous soutenons différents types de séjours internationaux : mobilités d’études de plus ou moins longue durée, des stages et de courts séjours linguistiques et culturels. Depuis février 2019, nous proposons un modèle de programmes courts en anglais mis en place pour garantir une forme de réciprocité adaptée à nos partenaires anglo-saxons. Enfin, l’élargissement des mobilités Erasmus+ à L2 en 2017-2018 pour les stages, en 2018-2019 pour les études et en mars 2019 pour les doctorants devra aussi contribuer à l’augmentation des mobilités en Europe et dans le monde. »

Propos recueillis par Stéphanie Robert