En France, les premières limitations de la durée du travail remontent au XIXe siècle où l’arrivée du machinisme permet à l’industrie une production ininterrompue. Dès lors, le temps du travail n’a cessé d’être un enjeu. Sylvie Monchatre, maître de conférence, spécialiste de la sociologie du travail, apporte son éclairage sur cette question.
Au cours du XXe siècle, le temps de travail est devenu une norme de protection des travailleurs, en même temps qu’un enjeu récurrent de conflits sociaux. À partir des années 1980, une double rupture intervient : les entreprises négocient le temps de travail et obtiennent des accords favorisant un temps éclaté, annualisé, partiel, flexible, etc. Le rapport de force change, la norme devient celle du « temps des marchés ». Au nom de l’emploi et de la compétitivité, l’ordre de la production impose son rythme et les temps de travail sont toujours plus difficiles à synchroniser. Ceci, au détriment des temps collectifs.
L’emprise du temps professionnel sur le temps de la vie s’avère beaucoup plus importante aujourd’hui que par le passé, quelle que soit la catégorie sociale. Néanmoins, ce phénomène ne s’impose pas de la même manière à tous. Plus on monte dans l’échelle sociale, plus il est possible de choisir ses horaires, facilitant ainsi la conciliation avec la vie personnelle. Ce n’est pas le cas en bas de l’échelle, où la disponibilité requise par les besoins de l’entreprise s’apparente à des formes de corvéabilité.
Oui, indéniablement. On observe davantage de négociations conjugales sur le partage des tâches domestiques dans l’ensemble des milieux sociaux, cependant les arrangements restent, eux, faiblement égalitaires. Si la division sexuelle du travail résiste parmi les classes supérieures et dans les milieux populaires, l’accroissement du niveau d’éducation des filles peut faciliter leur accès à un statut de pourvoyeur de ressources plus stable que leur conjoint. Ce qui, conjugué à l’emprise du travail professionnel, facilite un plus grand partage des rôles dans la prise en charge des enfants et des tâches domestiques. On ne peut donc pas dire que rien ne bouge !
Sylvie Monchatre, Bernard Woehl (dir.), Temps de travail et travail du temps, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Homme et société », 2014.
Oui, indéniablement. On observe davantage de négociations conjugales sur le partage des tâches domestiques dans l’ensemble des milieux sociaux, cependant les arrangements restent, eux, faiblement égalitaires. Si la division sexuelle du travail résiste parmi les classes supérieures et dans les milieux populaires, l’accroissement du niveau d’éducation des filles peut faciliter leur accès à un statut de pourvoyeur de ressources plus stable que leur conjoint. Ce qui, conjugué à l’emprise du travail professionnel, facilite un plus grand partage des rôles dans la prise en charge des enfants et des tâches domestiques. On ne peut donc pas dire que rien ne bouge !
Sylvie Monchatre, Bernard Woehl (dir.), Temps de travail et travail du temps, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Homme et société », 2014.