Dans le vent de l'open access et de l'open science, les archives ouvertes de la connaissance verront le jour début 2016. Les utilisations et les enjeux de ce beau projet sont nombreux.
Les enjeux actuels en matière de libre accès aux produits de la recherche ont conduit les établissements alsaciens d’enseignement supérieur (Unistra, BNU, UHA et INSA) à s’engager dans le projet Archives ouvertes de la connaissance (AOC), porté dans le cadre du contrat quinquennal de site 2013-2017. Piloté par l'Unistra et l'UHA, il vise à mettre à disposition les publications des chercheurs, toutes disciplines confondues, dans un espace dédié sur Internet. Par leur support numérique, les AOC sont bien référencées par les moteurs de recherche et donc faciles et rapides d'accès. « On veut que l'Unistra soit promoteur dans ce mouvement qui prend beaucoup d'ampleur », expose Paul-Antoine Hervieux, vice-président délégué Recherche de l’Unistra.
Ce réservoir de publications permettra d'avoir une bibliographie officielle, notamment pour renforcer la visibilité de la recherche alsacienne et donc pour gagner en notoriété. « Pour promouvoir l'université à l'extérieur et pouvoir en parler, il faut avoir les chiffres les plus exacts possibles », explique Paul-Antoine Hervieux. Certains chercheurs seront davantage contactés pour attirer des futurs thésards, créer de nouveaux partenariats, etc.
L’archive ouverte sera une belle vitrine, permettant également de voir la partie méconnue de la recherche qui est produite à l'université. « Dans certains domaines, notamment en sciences humaines, la diffusion des publications se fait majoritairement sur papier, avec des tirages très faibles, de l’ordre de 200 exemplaires », justifie Adeline Rege, responsable du Département de documentation scientifique numérique et chef de projet AOC au Service commun de la documentation de l'Unistra. Les AOC aideront ainsi à définir les points forts et très actifs de la recherche et d'apporter davantage de soutien aux disciplines qui en ont besoin. « Les universités ont de moins en moins de ressources financières, il faut une vision plus précise pour savoir quels domaines soutenir », explique Paul-Antoine Hervieux. L'objectif est donc aussi de s'affranchir des outils commerciaux, car la diffusion en archives ouvertes est entièrement gratuite, contrairement à la publication dans certaines revues en open access qui sont certes gratuites pour le lecteur, mais payantes pour l’auteur (gold open access). Comme le précise Adeline Rege, « il y a une responsabilité éthique, on ne doit pas laisser la valorisation à des sociétés commerciales ».
Les chercheurs encore inquiets concernant les droits d'auteur seront rassurés par Adeline Rege : « Parfois on peut diffuser la version de travail et pas la version définitive, mais dans tous les cas les chercheurs seront accompagnés et la diffusion dans l’archive ouverte se fera dans le respect des contrats de cession de droits signés par les chercheurs. » Le portefeuille de services proposé aux chercheurs autour des AOC facilitera ainsi considérablement la gestion de leurs publications.
D'autre part, et c'est là une grande nouveauté, les AOC concerneront également les données produites pendant le processus de recherche et non plus uniquement les publications. « Les enjeux du partage des données de recherche sont énormes et nous serons les pionniers sur ce terrain ! » s'enthousiasme Adeline Rege. La recherche alsacienne pourra être réutilisée dans le monde entier, comparée avec d'autres méthodes expérimentales ou complétée, contribuant ainsi à l'avancée des travaux. A plus long terme encore, mais déjà à l'état de projet, il est envisagé de faire de l'open edition, c'est-à-dire de créer des journaux associés à ces archives. Les AOC ont de belles années devant elles...