La science ouverte représente un tournant dans la manière dont les acteurs de la recherche créent, stockent, partagent et délivrent les résultats de leurs activités. Bien que l’Europe soit aujourd’hui un moteur de cette transition, il faudra plus qu’un changement de principes, de politiques et de pratiques de la science ouverte pour assurer son succès. Il s’agira avant tout d’initier un changement de culture dans les organisations concernées.
Aux côtés de 22 autres représentants d’établissements membres de la Ligue des universités de recherche européennes (LERU), Adeline Rege, responsable du département Documentation scientifique numérique au Service des bibliothèques de l’Unistra, a participé à la rédaction de la feuille de route du réseau sur la science ouverte et son rôle dans les universités publiée en mai 2018.
L’objectif ? Identifier les défis réels que les universités, qui embrassent les principes et les valeurs de la science ouverte, devront relever. « Bien qu'elles aient été élaborées sur la base de l'expérience des universités membres de la Leru, les recommandations données sont pertinentes pour les universités du monde entier et peuvent servir de feuille de route dans leur cheminement vers la science ouverte », explique Adeline Rege.
Des conseils que chaque université peut suivre ou non selon son intérêt mais aussi sa capacité à évoluer. « Les disparités observées entre universités sont en partie dues au contexte politique national, détaille la conservatrice des bibliothèques. Ainsi, si la France, sur le modèle de l’Allemagne, se trouve en avance sur le plan juridique, elle l’est beaucoup moins pour ce qui concerne le développement des infrastructures, la formation et la gestion de la carrière des chercheurs ou encore les prises de conscience politique, que ne le sont les pays nordiques ou anglo-saxons. »
« Une telle transition prendra des années, et non des mois ou des jours »
Pour Adeline Rege, un des points majeurs de cette feuille de route concerne le développement de modèles alternatifs de l’édition. « Il faut inciter les universités à développer leurs propres presses universitaires en libre accès, tel que le font l’Université d’Helsinki ou encore l’University College de Londres, ou les aider à mettre en place des plateformes ouvertes de publications sur le modèle de l’Université de Milan. » Un changement qui permettra aux universités de reprendre une place de poids dans l’édition scientifique. « La science ouverte offrira plus de transparence et une meilleure réponse aux besoins de la recherche mais une telle transition prendra
des années, et non des mois ou des jours », conclut Adeline Rege.
La feuille de route analyse notamment ce que signifie l'introduction d'approches scientifiques ouvertes dans chacun de ces huit domaines établis par la Commission européenne : l'avenir de la publication scientifique, les FAIR data ou les manières de présenter des données trouvables, accessibles et réutilisables, le nuage scientifique européen ouvert, l'éducation et les compétences, les récompenses et les incitations, les mesures de la prochaine génération (ou altmetrics), l’intégrité de la recherche et la science citoyenne.