La science participative apporte aux sismologues des données indispensables à leurs recherches pour une meilleure compréhension du risque sismique et l’amélioration des politiques de prévention. Si cette collaboration prend aujourd’hui un essor important, notamment grâce au numérique, des archives datant des années 1920 montrent qu’elle n’est pas nouvelle.
Collecter, analyser, diffuser et archiver des données sismologiques pour mieux comprendre le risque sismique, tel est le rôle du Bureau central sismologique français. « Il existe deux types de données recueillies, explique Christophe Sira, chargé des études macrosismiques, les données instrumentales provenant de sismomètres et caractérisant la source sismique (magnitude, mécanisme, localisation…) et des données issues des enquêtes macrosismiques permettant l’estimation de la sévérité de la secousse au sol générée par le séisme à partir de la quantification des effets sur les personnes ; les objets, le mobilier et les dommages aux constructions. » Menées directement auprès de la population ayant vécu un tremblement de terre (franceseisme.fr), ces enquêtes fournissent aux scientifiques des informations rapides et complémentaires des observations parfois réalisées jusque sur le terrain par le Groupe d’intervention macrosismique (GIM) les jours suivants.
Menées directement auprès de la population, ces enquêtes fournissent aux scientifiques des informations rapides et complémentaires.
En consultant le fonds Rothé des archives départementales du Bas-Rhin, Delphine Issenmann, chargée de l’inventaire et des collections au Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg, a mis la main sur une série de questionnaires adressés à la population dans les années 1920. « Conçus et collectés par l’Institut de physique du globe de Strasbourg, ces documents étaient distribués via le réseau des ambassades et des consulats et visaient à recueillir des renseignements descriptifs des séismes auprès de la population, raconte Delphine Issenmann, ils montrent que l’idée de sciences participatives est loin d’être récente. » Date, lieu, nombre et direction des secousses, bruits sismiques ou encore état des bâtiments : autant de renseignements qui étaient récoltés à l’aide de ces enquêtes.
Des données macrosismiques anciennes qui restent fondamentales pour les études actuelles. « En analysant ces informations, il est possible d’estimer par exemple la magnitude de séismes historiques, leur profondeur, détaille Christophe Sira, ce qui nous permet de voir à quelle échelle de temps un séisme se produit pour ensuite établir des probabilités d’occurrence de mouvements sismiques sur la faille. C’est tout le travail des sismologues qui reprennent et utilisent ces données. »
Le 18 octobre 1356, un séisme anéantit la ville de Bâle et eut des répercussions dans toute l’Alsace. Grâce aux nombreux récits ou gravures de l’époque qui rendent compte de l’impact de ce tremblement de terre sur les infrastructures des villages aux châteaux-forts, des historiens et des sismologues ont tenté de mesurer l’intensité de ce séisme. Ils ont ainsi pu montrer qu'il y avait eu pas moins de 12 secousses en l'espace de 48 heures, les 18 et 19 octobre 1356.