octobre 2016

Métamorphose

A l’heure des Moocs et d’internet, le temps universitaire séquencé en années ou en semestres a-t-il encore un sens ?

A l’heure des Moocs et d’internet, le temps universitaire séquencé en années ou en semestres a-t-il encore un sens ?

François Gauer : Le temps passé à l’université n’est pas qu’un temps d’acquisition de nouvelles connaissances. Entre le moment où entre le lycéen et celui où sort le professionnel, une vraie métamorphose s’opère. Le simple accès à la connaissance suffit-il à assurer cette métamorphose ? J’en doute. Nous apprenons par les autres. La relation humaine entre l’enseignant et l’étudiant est au cœur de l’enseignement. Le temps est indispensable : dans le temps de l’apprentissage, il y a aussi le temps de l’appropriation, et même le temps de l’oubli, avant celui de la consolidation. C’est une lente digestion.

Licence en trois ans, M1 en quatre ans, M2 en cinq ans… Pourquoi ne pas laisser chacun évoluer à son rythme ?

F. G. : Les rythmes ont du sens pour une grande majorité de nos étudiants. Être étudiant, c’est un job à plein temps. Il y a une cohérence du temps de l’année d’étude. Pourtant l’étudiant peut voir ce temps mis en concurrence avec d’autres comme celui d’une activité salariée par exemple. Dans ce cas, prévoir d’obtenir sa licence en quatre, cinq, voir six ans par des contrats pédagogiques, c’est faisable et nous le faisons, même si ça demande un gros travail pour l’université. On peut aussi le proposer à des étudiants qui ont plus de mal.

Le temps de la présence en entreprise empiète de plus en plus sur le temps de la formation. Quelle est la limite ?

F. G. : Le temps de l’expérience n’empiète pas sur le temps du savoir. Il s’y rajoute. Le savoir pour le savoir n’existe pas. Je reprendrai cette définition de la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP) : une compétence, c’est la capacité à mélanger ses savoirs, ses savoir-faire et ses savoir-être pour réaliser des tâches plus complexes. Nous sommes là pour former des étudiants qui marcheront sur leurs deux jambes : aussi bien celle de la connaissance que celle de l’expérience.

Jean De Miscault

Points de vue d'étudiants