Pour répondre aux besoins des industriels, Télécom Physique Strasbourg et le laboratoire ICube, en lien avec l’UFR de mathématique et d’informatique et avec des entreprises, ont créé la chaire industrielle Science des données et intelligence artificielle. Cette dernière, qui sera opérationnelle en 2020, suscite un vif intérêt du monde économique.
C’est une première dans l’histoire de la Fondation Université de Strasbourg : jamais des dons n’ont été réunis aussi vite. En moins de six mois, 1,05 million d’euros ont été collectés. Les donateurs sont tous sur le territoire alsacien : Crédit Mutuel Alliance Fédérale - Euro-Information, Heppner, Hager Group, Groupe ÉS, Socomec et 2CRSI. Par le biais de cette nouvelle formation, adossée à une recherche de pointe, les entreprises espèrent puiser dans un vivier local de compétences sur le big data et l’IA. « D’une manière générale, nous attendons que cette chaire forme les talents qui seront à même de faire progresser l’IA et la gestion des données. Car l’enjeu majeur du secteur des transports est bien celui de la gestion des myriades de données qui accompagnent le flux physique de marchandises. Il en va de notre compétitivité en matière d’offre de service, mais aussi d’optimisation et de pilotage des opérations », prévient Raphaël Jatteau, directeur commercial, marketing et communication de l’entreprise Heppner. En 2016, le groupe de transport et logistique a investi plus de 20 millions d’euros dans un plan quinquennal de transformation digitale.
« Il en va de notre compétitivité »
Le domaine bancaire, qui a aussi pris le virage du digital, se montre très intéressé par les recherches sur l’IA. « Cette nouvelle chaire universitaire va encourager les recherches sur le langage naturel, sur la sécurité et l’analyse des données et sur l’apprentissage des machines. Autant d’innovations que nous avons appliquées au sein de l’entreprise », affirme Frantz Rublé, directeur général adjoint de la Caisse Fédérale de Crédit Mutuel et président d’Euro-Information, la filiale technologique du groupe. Depuis 2015, le groupe bancaire s’est rapproché d’IBM pour mettre en œuvre la technologie IBM-Watson, un programme informatique conçu pour traiter le langage naturel, autrement dit le langage utilisé par les humains. Aujourd’hui 35 000 conseillers utilisent quotidiennement un analyseur d’emails capable de détecter le degré d’urgence des demandes clients et de les traiter avec plus de célérité. Par ailleurs, les conseillers disposent d’un assistant de recherche entraîné à répondre à des questions courantes formulées en langage naturel. « Cela nous permet de leur libérer du temps pour des tâches à valeur ajoutée », poursuit Frantz Rublé. Pour le dirigeant, il est fondamental que l’Université de Strasbourg reste en pointe sur ces technologies cognitives.
« L’économie est aujourd’hui guidée par des entreprises qui savent exploiter les données massives qu’elles collectent, la formation d’ingénieurs experts dans ces domaines est aujourd’hui vitale », affirme Christophe Collet, le directeur de Télécom Physique Strasbourg. La chaire Science des données et IA servira de lien entre les projets innovants des entreprises, les activités de recherche et de valorisation du laboratoire ICube et les élèves-ingénieurs (projets, stages). Les dons (1,05 million d’euros) permettront de payer les salaires du titulaire de la chaire et de son équipe à compter de janvier 2020 et jusqu’à fin 2024.