Dans Ever, la plateforme virtuelle immersive de l’université, on peut se promener d’un monde à l’autre, se téléporter de l’univers d’un artiste à d’autres, à visée pédagogique ou culturelle. Visite guidée de ce Second Life universitaire et libre, en compagnie de David Gauckler, directeur adjoint de la Direction des usages du numérique (DUN).
Comme dans Second Life, la vie virtuelle commence par la création de son avatar, avec un nom et un physique. Nous avons le choix entre dix personnages. Ils sont tous beaux et élancés ; dans une vie virtuelle, on s’affranchit des imperfections corporelles. Se promener dans Ever implique malheureusement de devoir télécharger le navigateur Singularity, mais cette contrainte devrait être simplifiée bientôt, avec l’arrivée d’une recrue chargée d’améliorer l’accès et l’interface.
Une fois téléchargé, notre avatar arrive à l’espace Gutenberg, la région d’accueil des primo-arrivants, qui abrite le carrousel des projets, autrement dit des univers visitables. Car Ever (Environnement virtuel pour l’enseignement et la recherche) fonctionne comme une auberge espagnole : il accueille les projets des enseignants ou invités pour peu qu’ils cadrent avec les missions de l’université : formation, recherche, culture, coopération... A l’heure actuelle, il héberge 35 projets, émanant des composantes de l’université (faculté dentaire, des arts, d’ethnologie, de pharmacie…) ou d’invités (associations, enseignants extérieurs…). Chaque projet est une île « terraformée », dans laquelle on se téléporte.
Il est possible de se promener sur le campus reconstitué en 3D, mais aussi dans des univers moins réels, plus imaginaires. Un clic sur la vignette du projet (ou via le moteur de recherche) et nous voilà « téléportés ». Dans l’univers de l’artiste Tao Lia, par exemple. Un monde surnaturel, onirique, mi-terrestre mi-aquatique, évoquant Dali, Ernst Haeckel et la science-fiction. « L’intérêt de ce projet est de montrer l’étendue des possibilités graphiques » précise David Gauckler. Mon avatar est amphibie, j’en profite pour visiter les espaces sous-marins, mais elle est prise dans une fosse à l’intérieur de laquelle elle ne peut s’échapper ! Je choisis de me téléporter ailleurs.
Dans l’univers pharmacie, on peut s’asseoir sous une sorte de temple romain pour visionner un film ou des projets étudiants tel qu’un concours d’affiches. Une pharmacie virtuelle a été reconstituée pour montrer aux élèves comment devrait être pensée et aménagée une pharmacie d’aujourd’hui. Les avatars peuvent également jouer à un serious game. Clic, téléportation vers l’univers ethnologie où je peux me promener dans un village teko, l’un des peuples amérindiens de Guyane, modélisé et reconstitué virtuellement.
« Vous pouvez vous téléporter du campus français à un campus américain ou espagnol, voyager d’un monde à l’autre »
Awen quant à lui, est un espace d’expression et d’exposition virtuelle. Le musée d’art moderne de Strasbourg y a été reconstitué pour héberger les œuvres des artistes du numérique. La plateforme est libre est gratuite, ce qui a motivé certains artistes de Second Life à la rejoindre, nous apprend David Gauckler. Une collaboration avec le Théâtre de l’Adret a généré un univers de médiation culturelle où l’on peut assister à un récital autour de Barbara, s’immerger dans la vie de Camille Claudel, ou assister à des métacafés littéraires (cafés littéraires virtuels). La visite se termine au « Bac à sable », où les nouveaux venus peuvent s’essayer à créer leurs premiers objets en 3D, souvent un simple cube, et ce n’est déjà pas une mince affaire !
Ever est relié aux projets similaires des autres universités. « Vous pouvez vous téléporter du campus français à un campus américain ou espagnol, voyager d’un monde à l’autre ». Les possibilités semblent infinies. A condition d’avoir du temps, car si l’on fait fi du réel et de la géographie, le temps lui ne s’arrête pas, et pour les non-initiés, il faut parfois de la patience pour comprendre l’environnement, ce qu’on peut y voir et comment.