Robots tueurs qui envahissent le monde, êtres immatériels qui prennent le contrôle sur l’humain… Du Golem à Terminator, voyage à travers l’intelligence artificielle au cinéma avec Loïc Besnier, doctorant aux Archives Henri-Poincaré, qui a évoqué le sujet lors de la dernière édition de Pint of science.
« Les auteurs n’ont pas attendu les débuts du cinéma pour penser l’intelligence artificielle », explique d’emblée Loïc Besnier. Déjà dans l’Iliade, la création par Héphaïstos de la femme d’or avec « une lueur dans les yeux » relève de l’intelligence artificielle. Sans parler de Galatée dans Pygmalion ou du Frankenstein de Mary Shelley. « L’idée c’est de créer une chose ressemblant à l’homme. »
Au XXe siècle, le cinéma apparaît et l’intelligence artificielle y est pour la première fois représentée dans le Golem de Paul Wegener (1915-1920), cette créature d’argile qui prend vie pour servir son maître. À l’époque, la robotique n’existe pas encore. « Les premières recherches sur l’IA auraient eu lieu après la Première Guerre mondiale avant de devenir une discipline académique en 1956. »
Après cette période, au cinéma, l’IA prend définitivement les traits de robots ou d’êtres immatériels en lien avec l’informatique avec comme cadre, les lois de la robotique d’Asimov, « prises au mot par les cinéastes ». Dans les films, Loïc Besnier relève trois manières de la représenter : « soit elle est maléfique comme dans Terminator, soit elle devient progressivement malveillante au fur et à mesure qu’elle apprend comme dans 2001 : l’odyssée de l’espace, enfin elle peut être un personnage secondaire pour aider le héros, à l’image de R2D2 dans Star Wars. »
Cette représentation majoritairement négative s’explique selon lui, par le fait que « les films de science-fiction sont souvent calqués sur les problèmes et les craintes scientifiques de notre époque ». Durant la Guerre froide, la peur était celle du nucléaire, puis il y a eu les années 1990 et les questions de bioéthique avec Bienvenue à Gattaca par exemple. De nos jours, l’IA occupe nos esprits comme nos écrans… Pour Loïc Besnier, les films sont une forme de communication cinéma/public avec l’idée de transmission d’un message.
Problème : cette image fantasmée rejaillit sur la perception qu’a la population de l’IA. « Le cinéma est un outil d’influence très important, il est le premier filtre que la majorité de la population possède pour appréhender les sciences. » Espérons que la réalité ne rattrape jamais la fiction…
Doctorant en première année de thèse aux Archives Henri-Poincaré, Loïc Besnier étudie la représentation des sciences dans le cinéma d’épouvante et la comédie et la façon dont cela conditionne la perception du public. Son hypothèse ? Le cinéma d’épouvante instaure de la méfiance par rapport aux sciences alors que la comédie, elle, a tendance à créer de la confiance ou à dédramatiser la science et la rendre ludique. Pour confirmer sa thèse, le jeune homme souhaite organiser des projections auprès d’un public étudiant.
Elisée, étudiante en L1 de cinéma
« Je ne connais l’intelligence artificielle que par ce que je vois dans les films. J’ai un avis plutôt mitigé. Si je prends l’exemple du film Avengers, l’intelligence artificielle créée veut détruire l’humanité. Alors que dans le film Alita, le robot se conduit comme un être humain normal. Il existe beaucoup plus de films catastrophes sur l’IA où ça se finit mal. »