mai 2018

Troubles alimentaires : les étudiants pris en charge

Deux programmes mis en place à l’Université de Strasbourg permettent d’accompagner les étudiants souffrant de troubles alimentaires – obésité, anorexie, boulimie – avec une notion phare : la prise en charge pluridisciplinaire.

Une séance de travail avec les étudiants et Isabelle Jecker, diététicienne intervenant au Sumps.
Une séance de travail avec les étudiants et Isabelle Jecker, diététicienne intervenant au Sumps.

« L’université est un moment favorable pour toucher ces populations sensibles. Les étudiants se retrouvent en dehors de l’environnement familial ce qui permet souvent de débloquer certaines situations. Ils se rendent compte de leur autonomie et des choix qu’elle leur offre », explique Aude Rochoux, directrice du Service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé de Strasbourg (Sumps).

Le programme Sport et santé1 à destination des étudiants obèses est reconduit pour une nouvelle année. Il associe séances de sports, consultations médicales et ateliers culinaires. Le dispositif Catcar2 accompagne, lui, les étudiants boulimiques et anorexiques lors de repas thérapeutiques en complément d’un suivi psychothérapeutique et médical ; il existe depuis quatre ans.

Redonner le goût et l’envie

« Les étudiants souffrant de troubles alimentaires sont souvent dans une situation de rupture et d’isolement. Nous intervenons, d’une part, pour leur faciliter l’accès aux soins et, d’autre part, leur permettre de réintégrer les lieux évités du fait du trouble, comme le restaurant universitaire », commente Myriam Riegert, responsable du Centre d’accueil médico-psychologique de Strasbourg (Camus).

« Les étudiants souffrant de troubles alimentaires sont souvent dans une situation de rupture et d’isolement. »

Les étudiants inscrits à ces programmes bénéficient d’un accompagnement personnalisé mais la notion du collectif et l’appréhension d’un environnement social priment. « Nous avons gagné lorsqu’un étudiant retrouve l’envie de faire du sport et surtout de le pratiquer avec les autres », se félicite Aude Rochoux. « Les repas thérapeutiques entre un étudiant et un diététicien sont des opérations très discrètes. L’idée est de se fondre dans le paysage et de rendre la démarche normale », insiste Myriam Riegert.

Rétablir le contact

Pour établir un premier contact, les étudiants relais formés par le Sumps et le Camus assurent, depuis 2014, une veille permanente et sont à l’interface entre les étudiants et les services de prévention et de soins. « L’ensemble de la communauté universitaire a aussi un rôle à jouer dans la prévention. Au contact des étudiants, les personnels et les enseignants-chercheurs peuvent à tous moments devenir des relais capables de désamorcer une situation qui risque de devenir dramatique », ajoute Aude Rochoux.

Les deux programmes, dotés d’un financement multi-partenarial de 40 000 euros chacun, permettent de suivre une centaine d’étudiants par an. Les deux intervenantes, convaincues de l’efficacité de ces actions, ne cachent pas leur ambition de les développer et de les pérenniser.

Porté par le Sumps et le Service universitaire d’activité physique et sportives (Suaps) et financé par l’IdEx, le Régime local d’assurance maladie, l’Agence régionale pour la santé et le conseil régional Grand Est.

Porté par le Camus, le Sumps et le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires et financé par la Fondation de France et par la Fondation santé des étudiants de France jusqu’à juin 2018.

Sentinelles

Les étudiants relais sont aujourd’hui quatorze et couvrent pratiquement l’ensemble des campus et des établissements du contrat de site. Ce dispositif a pu se pérenniser dans le cadre du schéma directeur de la vie étudiante. Leur mission : se rapprocher de leurs pairs en difficulté, pour les orienter vers les services adaptés, en toute confidentialité, à l’université et ailleurs. « En 2016-2017, 200 contacts ont été établis. Pour l’année universitaire en cours, nous avons d’ores et déjà atteint ce chiffre », annonce Aude Rochoux.

Frédéric Zinck