Comment avez-vous abordé la recherche de l’identité typographique de l’université ?
Un état des lieux des pratiques existantes a révélé une multitude de couches, des tas de polices par défaut, dans une grande hétérogénéité. En janvier 2015, un workshop mené avec les étudiants du master de design a permis une initiation au dessin de caractères. Au sein de l’équipe de travail, des groupes se sont formés sur différentes thématiques, notamment les aspects historiques, la transcription de la diversité, l’analyse des besoins de la structure universitaire et du savoir. Assez vite, une évidence est apparue : il était important de faire la distinction entre la diffusion des savoirs et les informations concernant la vie universitaire. Les besoins typographiques ne sont pas les mêmes.
Ce qui suppose des polices distinctes ?
En effet. Pour la diffusion des savoirs, nous avons choisi une police de caractères existante, en open source : Brill, mise à disposition gratuitement pour tout usage non commercial. Cette logique de partage du savoir correspondait parfaitement à notre démarche : rendre le savoir accessible et gratuit aux étudiants et chercheurs.
L’idée centrale, c’est que l’on participe à l’identité dès lors que l’on tape un mot sur son ordinateur...
Pour la vie universitaire, nous avons décidé de concevoir une nouvelle police que nous avons tout naturellement appelée Unistra. Cette police va constituer un fil rouge, sans pour autant nier les identités en place. Il s’agit de mettre au point une boîte à outils très démocratique que tous les acteurs s’approprient facilement. L’idée centrale, c’est que l’on participe à l’identité dès lors que l’on tape un mot sur son ordinateur...
Comment la caractériser ?
Elle montre une grande ouverture et sa verticalité exprime un élan vers le haut. Vous voyez ces petites ailes qui partent sur les côtés ? La notion de patrimoine y est aussi présente, mais sans tomber dans le vintage. On y décèle un hommage très subtil au patrimoine typographique de Strasbourg, dans l’inspiration des premiers imprimés... mais totalement inscrit dans la modernité.
Pour fluidifier les textes, les rendre plus lisibles, nous avons tenu à raccourcir un peu les majuscules. Les acronymes, notamment, se révèlent souvent pesants dans les textes, ils heurtent la lecture et la compréhension : ainsi, ils seront plus digestes... Nous avons entamé maintenant le travail sur les pictogrammes, qui doivent permettre de présenter de façon plus claire les services de l’université. Ces pictogrammes seront ensuite intégrés à la police de caractère.