Typographe : Six siècles d’histoire strasbourgeoise

Dès le XVe siècle, aux balbutiements de l’imprimerie, Strasbourg a vu naître des ateliers de typographie comme celui de Jean Mentelin ou Henri Eggestein. « Le contexte régional du Rhin supérieur était favorable à l’éclosion de cette innovation. Strasbourg est certes un des berceaux de l’imprimerie, mais d’autres villes auraient pu tenir ce rôle », tempère Laurence Buchholzer, maître de conférence en Histoire du Moyen-Âge à l’Université de Strasbourg.

La typographie n’aurait pu voir le jour sans le savoir-faire des artisans germaniques pour le travail du métal, prérequis indispensable à la confection des caractères mobiles. « Gutenberg était orfèvre de métier avant de devenir typographe », souligne Laurence Buchholzer. Il séjourne à Strasbourg pendant une dizaine d’années avant de rejoindre sa ville natale, Mayence, où il imprime sa première Bible entre 1452 et 1456. Il est talonné de près par Jean Mentelin en 1458. Ce typographe strasbourgeois est à l’origine de la première Bible publiée en allemand en 1466. Au XVIe siècle, le champ de thématiques s’étoffe des écrits humanistes ainsi que d’ouvrages scientifiques sur la distillation ou la chirurgie comme en témoigne le Buch der Cirurgia édité par le typographe Jean Grüninger en 1497.

À cette même époque, le nombre d’ouvrages produits connaît un important essor. Car, à côté des lecteurs traditionnels, il s’agit désormais de répondre à un nouveau public laïc et urbain, amateur de romans, de chroniques, calendriers et autres œuvres en langue vulgaire. Toutefois, l’aspect des livres imprimés au XVe siècle reste proche de celui des manuscrits. Il faudra attendre la fin du XVIe siècle pour que l’usage d’une page de titre se généralise et le texte s’organise en paragraphes, jusqu’à ressembler au livre tel qu’on le connaît aujourd’hui.