L’écriture du savoir, un cas à part ?

« Une typographie standard compte en moyenne 256 caractères, celle que nous avons retenue en comporte plus de 5 000. » Vivien Philizot est maître de conférences associé à la Faculté des arts, graphiste et l’un des maîtres d’œuvre du projet Identités complexes. L’amplitude en nombres de caractères est l’un des critères qui a amené les chercheurs à choisir la police Brill pour l’écriture des travaux académiques. Car l’Université de Strasbourg, avec ses 38 facultés couvrant tous les domaines disciplinaires, a des besoins très larges. Pour écrire l’équation de Schrödinger, un texte en grec ou en turc, la quasi-totalité des glyphes existants est requise. « Il aurait été absurde de redessiner tous ces signes » observe Vivien Philizot. « Notre choix s’est porté sur la police Brill également en raison de la qualité graphique du dessin de la lettre », précise-t-il.

Supporter le passage au digital

Destinée à des textes longs et souvent ardus, la lisibilité de la typographie est un critère tout aussi important. Brill, avec ses lettres à empattements emblématiques des caractères d’imprimerie, a été conçue pour la publication de textes scientifiques. « Si le dessin de la lettre a une influence dans la lisibilité du texte, les habitudes de lecture restent cependant déterminantes dans ce domaine. Les typographies à empattements sont culturellement associées à la lecture de textes longs », rappelle Vivien Philizot. Quant à la diffusion des travaux scientifiques, la police choisie résiste aussi bien sur les supports imprimés que digitaux. Les textes pourront être imprimés sur de simples outils de bureautique comme sur des presses spécialisées. A l’heure où les connaissances s’échangent sous forme numérique aux quatre coins du monde, il était indispensable d’opter pour une police qui supporte le passage au digital. C’est le cas de Brill, qui, là où d’autres polices deviennent illisibles, restera fidèle à son dessin initial lorsqu’elle passera sur nos écrans.