On connaît un certain nombre de bienfaits de la méditation sur la santé notamment sur le plan cardiaque, immunitaire et sur l’équilibre mental. Mais là où la méditation semble jouer un rôle important, c’est bien d’abord sur le cerveau humain. Des ingénieurs du laboratoire ICube et des neurologues sont en train de le démonter visuellement.
Méditer ne rend donc pas plus « intelligent ».
Le Dr Evelyne Lonsdorfer, spécialiste de médecine du sport, et le Dr Jack Foucher1, neuropsychiatre, développent actuellement une étude associant sport et méditation2, afin de comprendre finement les effets de ces deux activités, associées ou non, sur la santé neurologique des participants.
On sait que l'une et l'autre activité entraînent des augmentations d'épaisseur corticale allant jusqu'à 7% dans certaines régions. « Malheureusement, ce phénomène ne correspond pas à une hausse du nombre de neurones », explique en souriant Jack Foucher. Méditer ne rend donc pas plus « intelligent ».
Grâce à la mesure du débit sanguin réalisé en IRM, les chercheurs doivent s'assurer que cet accroissement de substance grise est bien assorti d’une augmentation d'activité cérébrale. Puis, grâce à des séquences d’IRM spécifiques et des techniques d'analyses mises au point par les ingénieurs du laboratoire ICube, les scientifiques vont ensuite chercher à en disséquer le mécanisme.
Puisque plus de substance grise ne veut pas dire plus de neurones : de quoi s'agit-il ? De connexions plus nombreuses, donc d’une hausse du nombre de synapses ? Des corps neuronaux plus gros, ou d’une arborisation plus dense ? Un développement plus important de la glie, ces cellules qui « collent » l’ensemble, alimentent, soutiennent et protègent les neurones ?
Cette étude permettra peut-être de répondre à toutes ces questions et de différencier les effets de la méditation de l'exercice non seulement pour les régions concernées, mais aussi par les mécanismes mis en œuvre. Il y a tout lieu de penser que l'optimum réside dans la combinaison des deux.
Baptiste Cogitore
1 Maîtres de conférences des universités en physiologie - praticiens hospitaliers.
2 Protocole dirigé par le Dr Lonsdorfer.
En visite exceptionnelle à l’université le 16 septembre 2016, le Dalaï-Lama a rencontré plusieurs chercheurs, dont des psychiatres et des neurologues, avec qui il a partagé son expérience de méditant. Multiplicité des niveaux de conscience, importance de la méditation analytique, nécessité de se concentrer sur des valeurs internes plutôt que matérielles : tels sont les enseignements tirés de longues années (il a 81 ans) de pratique et d’étude. Le chef spirituel des bouddhistes a conclu malicieusement : « Vous avez vos technologies, nous avons nos traditions ancestrales. » Une manière d’approuver du point de vue spirituel ce que les chercheurs réalisent sur le plan scientifique : une meilleure connaissance de l’esprit et une amélioration de la condition humaine.
Baptiste Cogitore et Elsa Collobert