février 2016

Les alsaciens face à la transition énergétique

Rapport du Giec, réunion de la COP21, phénomènes météos extrêmes : le changement climatique s'invite régulièrement dans l'actualité. Pour préserver notre planète, notre société doit revoir son rapport à l'énergie. Qu'en est-il en Alsace ? Comment la transition énergétique est-elle comprise, accompagnée ou rejetée par les citoyens alsaciens ?

Philippe Hamman - Photo : Nicolas Busser

Philippe Hamman et Guillaume Christen1 présentent dans un ouvrage2 publié aux Presses universitaires de Strasbourg (PUS), le résultat d'une étude sociologique3 sur l'implication citoyenne face au changement climatique en Alsace. De 2012 à 2015, les chercheurs de l'Unistra ont étudié trois situations correspondant à des espaces géographiques et sociaux différents, afin de couvrir la diversité du territoire alsacien.

Comme l'explique Philippe Hamman, « la préoccupation environnementale est aujourd’hui relativement partagée. On ne constate pas de désintérêt des milieux socio-économiques modestes pour cette question ». Par contre, les moyens de convertir les paroles en actes sont plus variables : « On observe une stratification sociale : les capacités de contribution à la transition énergétique sont inégales. »

Tenir compte du capital socio-économique et culturel

Les personnes issues des catégories socio-professionnelles supérieures sont plus à même de connaître les moyens techniques de production d'énergie renouvelable, d'en comprendre le fonctionnement, voire d'en installer. Dans l'un des espaces étudiés, un quartier résidentiel pavillonnaire de Plobsheim, il n'est pas rare que les habitants soient démarchés pour l'implantation de panneaux photovoltaïques sur leur habitation. À l’inverse, les personnes de milieux plus modestes sont moins au fait des dispositifs techniques et d'autant moins en capacité d'en installer qu'elles sont plus souvent locataires que propriétaires de leur logement.

« On ne peut pas envisager les personnes de façon unique, sans tenir compte de leur capital socio-économique et culturel. Il existe un différentiel de maîtrise des aspects techniques et de capacité d'action en matière de transition énergétique », analyse Philippe Hamman. Ceci est notamment observé en ce qui concerne l'implantation de dispositifs de production d'énergie renouvelable à l'échelle industrielle. Les personnes d'un niveau social supérieur sont plus vigilantes et moins favorables que les autres à voir fleurir un parc éolien ou une ferme solaire dans leur champ de vision. Cela démontre leur plus grande maîtrise et capacité de mobilisation sur les questions de transition énergétique.

Une transition écologique porteuse de cohésion sociale

Si l'on veut mener à bien la conversion vers une énergie plus durable, il ne faudra pas perdre de vue cette réalité sociologique. Et le chercheur de conclure : « L'enjeu est de construire cette transition écologique de manière à ce qu'elle soit en même temps porteuse de cohésion sociale. »

Edern Appéré 

 

1 Enseignants à l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional/Faculté des sciences sociales et chercheurs à l’UMR 7363 Sage

2 Transition énergétique et inégalités environnementales, Énergies renouvelables et implications citoyennes en Alsace, PUS, septembre 2015

3 Étude menée dans le cadre du programme Interreg IV Rhin supérieur Plan Énergies renouvelables.

Les changements climatiques à l’horizon du 21e siècle

Une conférence de Hervé Le Treut, membre du GIEC et de l’Académie des sciences proposée par le jardin des sciences de l’Université de Strasbourg.

Mots-clés

  • environnement
  • sociologie
  • climat