Après 1870 et le rattachement de l’Alsace à l’Allemagne, une nouvelle université est créée ; elle se dote d’un Institut de minéralogie dirigé par Paul Groth, un jeune professeur de minéralogie et de cristallographie reconnu pour avoir établi les bases de la classification moderne des minéraux. Denis Leypold, conservateur du musée de minéralogie de l’Unistra, nous éclaire sur le rôle majeur de ce jeune fondateur nommé en 1872.
Le classement des espèces minérales a toujours été fondamental pour étudier et comprendre le monde des minéraux. En raison de nombreuses difficultés liées aux limites technologiques et aux tâtonnements des recherches en laboratoire au XIXe siècle, on conservait une classification abordée exclusivement sous l’angle chimique. Paul Groth a proposé un système tout à fait moderne établi selon les caractéristiques cristallographiques et chimiques des minéraux. Après sa thèse soutenue à Berlin en 1868, sa classification a été adoptée en Europe et améliorée par Hugo Strunz en 1941.
Paul Groth a enrichi la collection de minéralogie initiée par ses prédécesseurs de l’université française. Il a acquis environ 15 000 spécimens minéralogiques et a ainsi constitué une collection consacrée à la recherche et à la formation de minéralogistes et de cristallographes.
Il a également créé un atelier de fabrication de modèles cristallographiques en verre, bois et fil de fer. Les modèles ainsi construits étaient utilisés dans la reconnaissance morphologique et la détermination des éléments de symétrie des cristaux.
Paul Groth a équipé le laboratoire de minéralogie des instruments les plus modernes de l'époque et a développé une recherche spécialisée autour de la minéralogie-cristallographie par voies optique et chimique. En six ans, son travail a été considérable !
Aujourd’hui, il reste des modèles cristallographiques en bois et de nombreux modèles en verre et en fil de fer initiés par Paul Groth. Tous ont été restaurés. Une collection aussi importante n’existe nulle part ailleurs en France !
Du passage de Paul Groth restent des sources manuscrites fondamentales permettant un suivi des acquisitions depuis 1872. Il est par ailleurs auteur d’une publication éditée en 1878, qui présente le bilan de son travail considérable de conservateur.