août 2021

Un voyage immersif dans l’espace

Le nouveau Planétarium de l’Université de Strasbourg doit ouvrir ses portes à la fin de 2022. Grâce à ses dimensions et aux toutes nouvelles avancées de projection numérique, il deviendra le lieu d’accès au grand spectacle interstellaire mais aussi de médiation de la recherche scientifique auprès du grand public.

Milène Wendling, responsable du Planétarium au Jardin des sciences.
Benjamin Rota, régisseur technique au Jardin des sciences.

Sur le boulevard de la Victoire, le nouveau Planétarium de l’Université de Strasbourg est en train de sortir de terre. Par son diamètre de 15 mètres (au lieu de 8 pour l’ancien) il deviendra un des plus grands planétariums de France, sa configuration inclinée offrira une vision plus immersive du spectacle projeté et il pourra accueillir 138 spectateurs (62 dans l’ancien). Construit au milieu d’un petit jardin ouvert au public, il prendra place dans un cône tronqué, dans lequel on accédera par un cylindre aplati qui lui, hébergera aussi l’accueil du Jardin des sciences. « Notre objectif, c’est de rendre le ciel étoilé et l’univers accessibles à tous », explique Milène Wendling, responsable du Planétarium au Jardin des sciences.

Car la vraie révolution copernicienne du nouveau Planétarium ne se situe pas tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Au-delà de la possibilité pour le spectateur confortablement installé dans son fauteuil d’assister au spectacle inoubliable du ciel étoilé retranscrit sur une voûte à 360 degrés, l’outil offrira en effet la possibilité de projeter des bases de données astronomiques réelles, y compris celles issues de l’Observatoire astronomique de Strasbourg qu’il héberge. D’un côté, le ciel étoilé, la voie lactée, les planètes tels qu’on les verrait de nuit, par temps clair et dégagé et sans pollution lumineuse, de l’autre, l’espace vu depuis l’espace.

Mieux qu’au cinéma

« Notre objectif, c’est de rendre le ciel étoilé et l’univers accessibles à tous »

Le spectateur passe d’une vision terrestre de notre univers à une vision spatiale de l’espace. Il tourne autour de Saturne, sort de la galaxie pour aller visiter d’autres galaxies… « Les systèmes numériques des planétariums modernes permettent de voyager dans l’espace à moindre coût et sans danger, se réjouit Milène Wendling. Par l’image, par le son et par l’intermédiaire d’un médiateur scientifique, ce nouveau procédé immersif pourra apporter énormément de connaissances aux spectateurs. » Cette immersion sera aussi atteinte grâce au tout nouveau système de projection pleine voûte : six vidéoprojecteurs laser 4 K. Chacun des six étant l’équivalent du projecteur d’une grande salle de cinéma. « Cela permettra d’obtenir une image très résolue et surtout très contrastée, précise Benjamin Rota, régisseur technique. Et le son sera spatialisé. Ce sera encore mieux qu’au cinéma ! »

De nouveaux publics sont attendus : davantage de touristes et d’étudiants qui ont toujours plus ou moins boudé le seul planétarium universitaire de France. Et le Planétarium pourra accueillir spectacles, conférences, colloques y compris avec possibilité de retransmission numérique sur d’autres lieux de l’université ou via le web. Le nouveau Planétarium entend bien devenir une vitrine de la recherche scientifique de l’Unistra.

Première mondiale au CDS

Exemple de données images HiPS : carte des flux mesurés par le satellite Gaia sur l'ensemble du ciel.

Le Centre de données astronomiques (CDS) de Strasbourg s’est trouvé l’été dernier au cœur d’une première mondiale. Déjà internationalement reconnu pour l’archivage et le partage de données, le CDS, grâce à son logiciel de simulation, a donné accès à un grand nombre de planétariums dans le monde aux données brutes que les chercheurs eux-mêmes utilisent. Ce que les astronomes appellent les Hips (Hierarchical progressive surveys) disponibles sur l’observatoire virtuel et qui leur permettent de faire leurs recherches. Et ces données de recherche publiques pourront à leur tour être affichées dans le nouveau Planétarium. À l’occasion de séances de médiation, le grand public aura ainsi accès aux données produites par les grands observatoires au sol, tel que celui du Chili, et dans l’espace. La data visualisation permettra donc de mettre en avant la recherche scientifique produite à l’Observatoire astronomique de Strasbourg et de révéler au public la face cachée de la recherche scientifique.

Coronelli face aux données actuelles de l’astronomie

Le globe de Coronelli de Strasbourg et son dispositif de médiation permettant d'y projeter les données du CDS.

On ne sait ni quand, ni comment il est arrivé là, mais l’Université de Strasbourg peut se vanter d’être une des rares institutions au monde à posséder un globe de Coronelli. Fabriqué en 1697, il correspond à la version imprimée et de taille réduite des globes que Coronelli, cartographe vénitien, avait réalisés quelques années auparavant pour le roi Louis XIV. Le globe céleste de Strasbourg, d’un mètre de diamètre, et dont la trace la plus ancienne remonte à une photo prise à l’Observatoire en 1926, vient de faire l’objet d’une rénovation complète principalement financée par le programme des Investissements d’avenir (Idex). Il est à nouveau visible au pied de l’escalier qui mène à la grande coupole de l’Observatoire.

Et grâce aux outils numériques du CDS, il est d’ores et déjà possible, sur la cloche de protection du globe, et bientôt dans le dôme du nouveau Planétarium, de comparer le ciel tel qu’on le connaissait à l’époque du Roi Soleil avec les données les plus récentes de l’astronomie moderne.

Jean de Miscault