Avec la destruction de la bibliothèque Blaise-Pascal, un décor inédit apparaît aux yeux des passants. La façade nord de l’Institut Le Bel, jusqu’alors cachée, se dévoile toute de bleu vêtue. Ce bâtiment emblématique de l’Université de Strasbourg présente, sur ses pignons nord et sud, des mosaïques. Portrait de cette œuvre, affectueusement surnommée « la piscine » par les personnels de l’université.
Lorsque le regard se pose sur les façades de l’Institut Le Bel, il balaie un décor s’étalant sur la totalité de la surface du mur. Le motif de base, un triangle, est répété sur les 126 mètres carrés qui composent chaque pignon, dévoilant ainsi une composition avec un élément géométrique décliné dans un camaïeu de bleus. « Le choix de cette couleur me semble particulièrement intéressant. L’œuvre sublime le pignon et permet de le faire oublier, tout à la fois. Avec ses variations de couleurs, le mur se fond totalement dans son décor naturel, le ciel », indique Sophie Hedtmann, chargée de projets au Service universitaire de l'action culturelle de l’Université de Strasbourg, qui livre ici son analyse détaillée.
Tout dans cette œuvre évoque son époque, les années 1970.
Tout dans cette œuvre évoque son époque, les années 1970. En premier lieu son motif, caractéristique de l’abstraction géométrique, mais également la technique employée, la mosaïque. Cette œuvre monumentale est signée Jacques Berthoux, architecte et mosaïste, membre de L’Œuf centre d’études.
Point phare des visites du campus
Cette équipe d’artistes, de designers et d’architectes prolifiques ont signé près de 270 œuvres entre 1960 et 1990. À Strasbourg notamment, on peut admirer le décor présent dans le hall et l’auditorium du Palais de la musique et des congrès, signé par les équipes de L’Œuf également.
« La mosaïque de l’Institut Le Bel est un point phare des visites du campus effectuées lors des Journées du patrimoine. » Pour Sophie Hedtmann, faire vivre le patrimoine artistique de l’Université de Strasbourg est à la fois une mission et une conviction. « Il est intéressant de noter qu’au même titre que le bâtiment de la Faculté de droit, l’Institut Le Bel, grâce à ses mosaïques, est l’un des bâtiments les plus photographié du campus », s’enthousiasme-t-elle. Preuve si cela était nécessaire du rayonnement occasionné par la présence d’œuvres artistiques sur le campus universitaire. Les mosaïques situées à l’extérieur du bâtiment, à la vue de tous, semblent renforcer le sentiment d’appropriation par la communauté universitaire, mais également par les Strasbourgeois. Une manière pour l’université d’affirmer avant l’heure son rôle d’acteur ouvert sur la cité.
L’idée est séduisante, et pourtant. « Cela semble peu vraisemblable », commente Sophie Hedtmann dans un sourire. Les faits ne vont pas dans ce sens. C’est dans le cadre du dispositif du 1 %* qu’une commission nationale a statué en faveur de la pose des mosaïques de l’Institut Le Bel le 24 septembre 1969. « À cette date, le choix de nommer l’Université Strasbourg 1, Louis Pasteur, n’était pas encore arrêté. Cela s’est décidé en 1971 », conclut Sophie Hedtmann.
* Décret imposant que 1 % du montant hors taxe du coût prévisionnel des travaux d’un bâtiment de l’État soit alloué au financement d’une œuvre d’art.