mai 2019

Le Jardin botanique fête ses 400 ans

Pépite de l’université, géré par la Faculté des sciences de la vie, le Jardin botanique de Strasbourg est un musée végétal de 6 000 espèces de plantes, dont le « matériel » sert de support à l’enseignement et à la recherche en biologie végétale. Et ce, depuis 400 ans.

Au Jardin botanique, un dimanche ensoleillé de mai, vous trouverez des enfants qui cherchent des grenouilles, penchés sur les bassins de plantes aquatiques, des promeneurs qui font la sieste, allongés sur les pontons de l’étang, des grand-mères qui papotent sur les bancs, des lecteurs plongés dans des romans policiers, des visiteurs par dizaines le long des allées, des photographes qui se passionnent pour les fleurs, des amateurs de botanique, tout simplement, qui observent et commentent le patrimoine végétal exceptionnel sous leurs yeux.

« Et pourtant, en dépit des apparences, le Jardin botanique n’est pas un jardin public, explique Shirin Khalili, chargée de médiation scientifique à la Faculté des sciences de la vie. C’est un conservatoire de la richesse végétale de la planète, un outil de recherche et d’enseignement pour la biologie. Il faut le voir comme un musée, dont les collections sont végétales. » Et ce musée fête cette année ses 400 ans d’existence.

L’histoire commence en 1619. L’académie de Strasbourg, qui existe depuis 1566 et qui deviendra une université en 1621, cherche un lieu en ville pour y installer un jardin botanique, dans lequel faire pousser, notamment, des plantes médicinales. Le couvent de Saint-Nicolas aux Ondes accepte de rétrocéder une partie du cimetière de la Krutenau à cet usage. Le Jardin botanique de Strasbourg est né, c’est le deuxième en France, après celui de Montpellier (1598). Au fil du temps, on y construira des serres. Un premier inventaire du jardin est fait en 1670 : il comprend déjà 1 600 espèces végétales.

De la Krutenau à la Neustadt

Ce premier jardin botanique installé à la Krutenau traversera le temps avec des périodes plus ou moins fastes jusqu’au siège de Strasbourg pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Les habitants n’ayant plus accès aux cimetières de la ville, situés hors des murs, le terrain retrouve sa vocation initiale.

« On prélève dans la collection ou bien on cultive en fonction des besoins des enseignants. Même chose pour la recherche »

À la fin du conflit en 1870, l’Alsace est annexée à l’Allemagne. L’empereur Guillaume I er entreprend la construction de l’Université impériale de Strasbourg, qu’il voit comme la vitrine scientifique de l’Empire allemand. Le nouveau jardin botanique est créé. Sa direction est confiée au botaniste Anton De Bary. Les grandes serres sont inaugurées en 1884. Elles seront détruites par la grêle en 1956, à l’exception de la serre dodécagonale (serre De Bary) qui est aujourd’hui classée monument historique et en cours de réhabilitation. L’Institut de botanique et les serres actuelles ont été construits de 1964 à 1967, donnant au jardin son allure actuelle.

Du matériel végétal pour l’enseignement et la recherche

Outre des fonctions muséales « ordinaires » en direction du grand public (montrer, sensibiliser, expliquer), le jardin a deux grandes missions universitaires : enseigner la biologie végétale aux étudiants et collaborer à la recherche. « Le matériau végétal du jardin sert de support à l’enseignement de la biologie végétale, explique Frédéric Tournay, chargé des collections et de la valorisation. On prélève dans la collection ou bien on cultive en fonction des besoins des enseignants. Même chose pour la recherche : en fonction des besoins des chercheurs, on crée des parcelles expérimentales. À une époque, on avait une collection de tomates, à une autre époque, une collection d’orges… Notre plus, c’est que nous avons vraiment une connaissance précise et tracée de la plante. Nous savons tout de sa provenance, de sa souche génétique, etc… Un avantage décisif pour la qualité de la recherche. » Une expertise issue d’une expérience de 400 ans.

 

Programme de festivités

La Faculté des sciences de la vie, responsable du jardin, s’apprête à organiser différentes manifestations pour fêter ses 400 ans « avec l’objectif de faire de cette rétrospective un moment fort d’ouverture de la faculté et du jardin vers la cité », explique Shirin Khalili. Au programme donc, une exposition grand public pour retracer les 400 ans d’histoire, avec des archives, des objets de collection, des plans. Des panneaux sur les différentes périodes de l’histoire viendront également en support pédagogique pérenne sur le jardin, et la publication d’un livret historique complètera le dispositif.

De nombreuses animations spécifiques sont également mises en place pendant toute la saison culturelle : parcours arts et sciences, visites guidées historiques (dont certaines pour les malentendants), animations jeune public, conférences en accompagnement de l’exposition. Et enfin, des Journées portes ouvertes, les 8 et 9 juin, avec toute une série d’activités festives et originales : musique, théâtre, danse, expositions d’art plastique, ateliers végétaux, visites guidées, etc.

Caroline Laplane