Partie l’été dernier pour un nettoyage dans la ville d’Aubusson (Creuse), la tapisserie Cosmos, œuvre de Robert Wogensky est de retour à l’Université de Strasbourg.
Rendez-vous pris le 21 octobre dernier pour le raccrochage de la tapisserie Cosmos. C’est dans l’ancien bâtiment d’artilleries, Seegmuller devenu l’actuelle Maison universitaire internationale (MUI) que la tapisserie a élu résidence, dans le hall d’exposition. « Nous souhaitions que cette tapisserie soit posée temporairement dans un contexte international. La MUI convenait parfaitement à cela », explique Sophie Hedtmann, chargée de projets au Service universitaire de l’action culturelle (Suac). C’est avec émotion qu’elle et Jean-Marie Dor, restaurateur de cette tapisserie ont assisté au raccrochage de cette œuvre.
49 années d’histoire
Commandée et choisie par les architectes Roger Hummel et Charles-Gustave Stokopf pour le bâtiment de la Tour de chimie, cette tapisserie fait partie des œuvres du 1% artistique* acquise par l’Université de Strasbourg. Crée en 1968 par Robert Wogensky en collaboration avec l’atelier Camille Legoueix à Aubusson, cette tapisserie Cosmos fait partie d’une thématique fétiche de l’artiste et reste une sorte d’hymne à la nature dans ses différents éléments : le cosmos et les constellations. Elle reste exceptionnelle tout d’abord par ses dimensions immenses : 3 mètres sur 9. Sa technique de création est également extraordinaire mêlant des combinaisons de différentes grosseurs de points et de couleurs qui procurent une dynamique aux formes et aux mouvements.
Grâce à ce type d’actions, nous souhaitons faire prendre conscience de ce patrimoine à la communauté universitaire mais aussi au public extérieur
Après des années passées au 15ème étage de la Tour de chimie, cette tapisserie nécessitait un nettoyage. Bien que les établissements recevaient avec plaisir des œuvres d’art, ils n’avaient pas forcément la compétence pour les conserver et les restaurer. « La tapisserie Cosmos a ainsi subi de nombreuses altérations à cause des UV. Les gens ne savaient pas à l’époque que ce genre d’œuvres pouvait s’altérer à la lumière », précise Jean-Marie Dor. Pendant deux semaines, les restauratrices Maryline Yvernault et Sylvie Denizou se sont attelées à rendre l’aspect d’origine de cette tapisserie. Elles ont également ajouté une doublure pour que cette dernière supporte le poids et l’étirage lors de son raccrochage, le tout dans leur atelier à Aubusson.
Faire connaître et valoriser
L’Université de Strasbourg possède de nombreuses œuvres, dont les tapisseries d’Aubusson, d’une grande valeur. Ce fond doit être entretenu et les restaurations nécessitent souvent un budget conséquent. Dans le cas de la tapisserie Cosmos, l'ensemble de l'action "restauration" a coûté 11 305 euros. Depuis le décret de 2005, la restauration d’une œuvre du 1% artistique est devenue obligatoire. La mission du Suac est de faire connaître et de valoriser les œuvres d’art. « Grâce à ce type d’actions, nous souhaitons faire prendre conscience de ce patrimoine à la communauté universitaire mais aussi au public extérieur. C’est un patrimoine totalement méconnu et pourtant qui mérite toute notre attention », assure Sophie Hedtmann.
Et après ?
Dans le cadre d’une action de médiation, le Suac a décidé de se tourner vers la Haute école des arts du Rhin (Hear) au 1er semestre, et la Faculté des arts au 2nd second semestre de l’année universitaire. « Ces deux institutions ont des approches différentes pour intervenir sur ce fond », précise la chargée de projets. A la Hear, au cours d’un atelier, les étudiants ont travaillé sur différents projets : la relation entre une tapisserie et l’homme, sur le thème de la proxémie, la création d’un livre à partir des personnages vus dans la tapisserie de Wogensky, une impression en 3D des extraits de formes de la tapisserie qui sera ensuite tissée... A la Faculté des arts, un workshop a été organisé en janvier avec l’artiste Brigitte Zieger.
Le Suac souhaite également donner une ampleur plus large à ce patrimoine en profitant de la thématique des Journées européennes de 2018, « année européenne du patrimoine culturel 2018, l’art du partage », qui permettra de promouvoir le patrimoine comme élément central de la diversité culturelle et de développer sa connaissance auprès d’un public large et diversifié. « Ce sera le moment opportun pour présenter plusieurs œuvres du fond universitaire mais surtout ce qu’est la tapisserie », annonce Sophie Hedtmann. Une autre œuvre de Robert Wogensky se trouve notamment au premier étage de la Faculté de droit : Vols d’oiseaux.
Marine Edel
Le Suac travaille également en partenariat avec le Jardin des sciences dans le cadre de l’inventaire et de la numérisation des collections de l’Université de Strasbourg. « Il reste encore une centaine d’œuvres à numériser », précise Sophie Hedtmann.