Faisant rimer musique et théologie, la chaire de musique sacrée et d’hymnologie de l’Université de Strasbourg est unique en son genre. Son actuel occupant, Beat Föllmi, revient sur son histoire mais aussi le nouveau souffle qu’il souhaite donner à cette discipline qui porte sur les chants sacrés à partir du XVIe siècle.
Pour découvrir les origines de la chaire de musique sacrée et d’hymnologie, il faut remonter au XVIe siècle et plus précisément en 1538, au moment de la Réforme protestante. « À l’époque, un poste d’enseignant de chant des psaumes est mis en place. Occupé par le chantre de la cathédrale de Strasbourg, il est destiné aux garçons qui chantaient au culte le dimanche. »
En 1875, à l’époque de la Kaiser-Wilhelms-Universität, une véritable chaire de musicologie est créée. « C’était totalement novateur, dans tout l’État prussien il n’y avait que deux postes dans le domaine. » Le premier professeur à l’occuper est un juif nommé Gustav Jacobsthal. « En raison de ses origines il n’aurait pas pu faire carrière en Allemagne prussienne mais à l’époque, Strasbourg était plus ouverte. »
Après la Première Guerre mondiale et le retour de l’Alsace à la France, la chaire, désormais rattachée administrativement à la Faculté de théologie protestante, est occupée par Théodore Gérold dont le père était pasteur. À sa mort, en 1937, une femme lui succède, « c’est la première en France à occuper une place en musicologie ». Par la suite, plusieurs autres postes dans le domaine sont créés en France. En 2012, pour faire le lien avec sa tradition, à cheval entre musique et théologie, la chaire de musicologie prend le nom de chaire de musique sacrée et d’hymnologie.
« Je m’intéresse à la musique chrétienne et aux recueils de chants à toutes les époques et à travers différentes approches : historique, théologique ou musicale. »
Ce poste, unique en France, est actuellement occupé par Beat Föllmi. Le chercheur souhaite dépoussiérer le domaine en l’ouvrant à d’autres horizons. « L’hymnologie est une discipline au départ très allemande et luthérienne qui s’intéresse aux hymnes, c’est à dire aux chants d’églises à partir du XVIe siècle », raconte Beat Föllmi qui dit faire de la « new hymnologie » et dont la chaire attire des étudiants du monde entier venus du Cameroun, de Corée, ou encore du Canada.
« Je m’intéresse à la musique chrétienne et aux recueils de chants à toutes les époques et à travers différentes approches : historique, théologique ou musicale. » Au sein de de l'Unité de recherche (UR 4378) de Théologie protestante à laquelle il est rattaché, le chercheur crée l’axe Avedemeter. Objectif : regarder comment les thèmes religieux chrétiens apparaissent dans la société actuelle. « Je donne également un cours sur la musique pop et la religion avec notamment l’étude de textes de Madonna comme Like a Prayer », souligne l’enseignant qui officie aussi bien en histoire de l’art qu’en musique.
40 000, c’est à peu de choses près le nombre de textes de chants chrétiens produits depuis la Réforme recensés dans la base de données « Hymnological database ». Le tout, dans le cadre d’un projet développé par Beat Föllmi avec l’Université de Mayence. Une première version en cours d’actualisation est disponible sur la plateforme Univoak.