mai 2017

Des murs aux horizons démultipliés

Au Musée du papier peint de Rixheim, des étudiants des sections Design textile et Arts de la Haute école des arts du Rhin (Hear) revisitent le papier peint...

Chacun, chacune, a voulu afficher sur un mur « son » paysage mental

Décors de campagne, de montagne et de villes, panoramiques coloniaux, vues de Suisse issues de la manufacture Zuber, fleurs et jardins... Ce sont trois siècles de « paysages sur les murs » qui sont exposés jusqu’au 31 décembre 2017 au Musée du papier peint, à Rixheim, dans une exposition intitulée Tours d’horizons, paysages en papier peint... Un regard sur l’évolution du monde, une certaine nostalgie dans les évocations... Et maintenant, c’est quoi le papier peint ? La question a été posée aux étudiants de la Hear. Pour la section finale de l’exposition, nettement plus décapante, ils ont été invités à exprimer leur point de vue d’aujourd’hui. Au final, on y voit du papier, certes, mais aussi de la gravure sur bois, du flocage, des objets découpés, du métal éclaté à l’acide, de la broderie... Onirisme, voyage, paradis, destruction : chacun, chacune, a voulu afficher sur un mur « son » paysage mental, sa vision d’un univers, proche ou plus lointain, apaisant ou inquiétant... Mais sans oublier d’explorer les surfaces, les lignes, les angles et les perspectives d’un espace imparti. Et parfois même en ne perdant pas de vue les usages pragmatiques de ces ornements muraux : le panoramique d’Aurélien Finance, en dernière année de design textile, forme une arche sensuelle de fleurs et de fruits... mais il permet aussi de délimiter deux espaces, celui de la cuisine et celui du séjour.

Les étudiants de la Hear lors de l’installation des œuvres au musée. © HEAR - Schlub
Les étudiants de la Hear lors de l’installation des œuvres au musée. © HEAR - Schlub

Sortir de l’atelier

Quant à Bobby, elle a tenté de capter les bruits et les lumières de la ville, en les numérisant sur les murs, dans des assemblages géométriques composés sur ordinateur et qui pourraient évoquer les paysages cinétiques de Victor Vasarely... Mounir Slatni s’est intéressé à l’effet produit par une « vague destructrice sur un morceau de zinc » et en a créé un paysage étrange et beau. Une tout à fait traditionnelle toile de Jouy a été transformée par Charles-Henri Liégeard, qui lui a infligé, à l’occasion d’une performance et de manière aléatoire, de grandes zébrures de peinture... Les travaux d’impression ont été réalisés dans les ateliers de Strasbourg et Mulhouse et en sérigraphie sur le site de Mulhouse. « L’an dernier, c’est au pôle Culturel de Drusenheim que les diplômés de la Hear avaient eu l’occasion d’exposer leurs travaux de diplôme. La réalisation de cette exposition au Musée du papier peint, en permettant de mettre les étudiants en situation de création dans un projet collectif, a constitué une belle opportunité », estime Didier Kiefer, enseignant en art, qui a été l’un des accompagnateurs pédagogiques du projet... Une chance très appréciée des étudiants : « C’est vraiment essentiel de pouvoir sortir de l’atelier et de l’école, de se confronter à d’autres espaces, avec de vraies contraintes. »

 

Musée du papier peint – La Commanderie
28 rue Zuber
68170 Rixheim
museepapierpeint.org

Myriam Niss