mars 2015

Conectus : le cas FiberMetrix

FiberMetriX est l’une des jeunes start-up alsaciennes créées en 2014 grâce, entre autres, au coup de pouce financier de Conectus Alsace apporté il y a deux ans au projet de recherche innovante porté alors par l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien (IPHC). Des labos à l’industrie, Conectus fait le lien.

Déceler les pépites dans les tiroirs des chercheurs et prendre des paris technologiques, telle est la principale vocation de la Société d’accélération du transfert de technologies Conectus Alsace. Depuis sa création en 2012 dans le cadre des Investissements d’avenir, elle a déjà financé et encadré la maturation et la prématuration de près d’une soixantaine de projets innovants, pour un investissement global de plus de neuf millions d’euros. Après trois ans de fonctionnement, certains projets se concrétisent, par exemple par la création de start-up. C’est le cas du projet baptisé Dosimed. Lancé il y a deux ans par l’équipe de Jean-Marc Jung à l’IPHC, ce projet est basé sur l’adaptation d’une nouvelle technique de détection permettant de mesurer précisément et en temps réel les doses de rayonnements ionisants délivrées par des appareils médicaux de diagnostic et de thérapie. 

De gauche à droite : Mélodie Munier, Jean-Marc Jung, Philippe Frey, Till Sohier, Fanny Carbillet.

Mesurer l’irradiation : un enjeu majeur

En radiothérapie ou lors d’un examen d’imagerie, les accidents liés à une surexposition à des rayonnements sont nombreux. Depuis 1996, une directive européenne impose d’ailleurs un suivi dosimétrique des patients. Les moyens techniques actuels sont souvent mal adaptés et insuffisants, impliquant des évaluations des doses délivrées peu fiables. Il y a quatre ans, les chercheurs de l’IPHC ont développé une nouvelle technique de mesure en temps réel, très précise, basée sur la propriété que possèdent certains matériaux d’émettre de la fluorescence lorsqu’ils sont exposés à un rayonnement. Le dispositif qu’ils ont ensuite développé et breveté, au niveau national puis international, est constitué d’un boîtier électronique équipé d’un capteur fluorescent très compact pouvant être introduit dans l’organisme pour une mesure au plus près et en temps réel de la dose reçue.

De Dosimed à FiberMetriX

Mais de la découverte à son application, la route est longue. Il y a deux ans, les chercheurs ont bénéficié d’une enveloppe de 185 000 € de la Satt qui a permis l’élaboration d’un prototype, la mise en place d’essais en conditions cliniques et le financement de deux des co-inventeurs, Mélodie Munier et Till Sohier. Le projet rebaptisé « FiberMetriX » a ensuite été lauréat du concours national 2014 d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes, obtenant ainsi 250 000 € pour financer le lancement de la start-up. Aujourd’hui les statuts de l’entreprise ont été déposés et la start-up bénéficie de locaux dédiés à la R&D au sein de l’IPHC. La vision industrielle a été apportée par Fanny Carbillet et Philippe Frey, co-fondateurs d’Alara Expertise, leader national de la radioprotection médicale, et également co-fondateurs de FiberMetriX.

Actuellement, la start-up travaille au développement d’appareils de présérie avec un industriel alsacien (Streb & Weil) et envisage la commercialisation des premiers produits fin 2015 avec un objectif raisonnable de 100 appareils vendus la première année sur le marché international.

Élodie Legrand