février 2016

Bouillon de science

Depuis 2012, la Maison pour la science en Alsace, au service des professeurs redonne le goût des sciences aux enseignants de la maternelle au collège : une science vivante et accessible qu’ils pourront à leur tour partager avec leurs élèves, en modifiant leurs pratiques d’enseignement. Rencontre avec deux des membres du réseau alsacien : Clarisse Huguenard-Devaux, enseignante-chercheuse à la Faculté de chimie de Strasbourg, et Jean-Daniel Hihi, professeur de physique-chimie au collège du Kochersberg.

Photo: Pascal Bastien

Pouvez-vous nous raconter une de vos dernières interventions au titre de la Maison pour la science ?

Clarisse Huguenard-Devaux : Je viens d’intervenir dans une formation intitulée « Vie et mort des objets » rassemblant trois intervenants, un enseignant du premier degré, une représentante d’une entreprise industrielle (la Sita spécialisée dans la valorisation des déchets) et moi en tant que scientifique. Une vingtaine d’enseignants de CE2, CM1 et CM2 étaient présents à cette session qui a commencé par des ateliers pratiques sur le recyclage du papier et la fabrication d’un bioplastique : la galalithe. Au programme ensuite : identification de matières plastiques d’objets du quotidien par des comparaisons de densité, explication scientifiques du domaine des polymères : de quoi sont faits les fibres papetières et plastiques, quels types de molécules les constituent et quelles interactions leur confèrent des propriétés particulières ? présentation des mesures actuelles de réduction et de valorisation des déchets en parallèle avec les avancées de la recherche dans ce domaine. Toutes ces interventions ont été animées par le lien entre l’éducation au développement durable et les pratiques possibles en classe.

Jean-Daniel Hihi : En mars 2015, j’ai travaillé sur la formation « Lumières ! » Il y avait une approche historique, une mise en situation chez Osram et EDF et une visite de labratoires à l’Institut de physique et de chimie des matériaux (IPCMS), à Cronenbourg.

A quoi servent ces formations ?

J.-D. H. : Nous voulons montrer aux enseignants du primaire et du collège la science moderne d’aujourd’hui, par des mises en situation, le tout sous l’œil du pédagogue. Les chercheurs peuvent rendre la science accessible à tout le monde et montrer que c’est un monde fascinant.

C. H.-D. : Le credo de La main à la pâte, à l’origine de la création des maisons pour la science, c’est de faire vivre les situations aux participants pour qu’ils aient les moyens d’aborder avec leur élèves un apprentissage des sciences actif, basé sur l’investigation.

Comment préparez-vous vos interventions ?

C. H.-D. : C’est une co-construction entre un chercheur, un enseignant et parfois des acteurs professionnels de l’entreprise ou d’organismes pertinents sur le thème abordé.

J.-D. H. : Dans le cas de la formation « Lumières ! », moi-même, enseignant du secondaire, je suis allé rencontrer les chercheurs de l’IPCMS pour définir avec eux ce qui passerait le mieux auprès des enseignants.

Et au final, quels sont les résultats auprès des élèves ?

C. H.-D. : Dans le cadre d’un projet de l’Agence nationale de la recherche, une équipe de recherche parisienne travaille actuellement sur l’impact des formations de la Maison pour la science en Alsace sur les pratiques d’enseignement en classe. Nous attendons les résultats avec impatience.

Et vous, cela a-t-il changé votre regard ?

C. H.-D. : C’est un vrai bouillon de culture. Nous-mêmes, nous évoluons beaucoup dans nos pratiques de formateurs, au contact et à l’écoute des enseignants et de nos divers partenaires. Nous apprenons aussi beaucoup à titre personnel et professionnel aussi bien en matière de pédagogie que de sciences.

J.-D. H. : Travailler avec d’autres disciplines permet d’élargir son regard. C’est un lieu où il y a beaucoup d’enthousiasme. Les enseignants en ressortent avec beaucoup d’envie.

Retour d’expériences des enseignants

Depuis septembre 2012, la Maison pour la science rapproche des formateurs de l’Éducation nationale et des scientifiques de l’université, pour la construction d’action variées et originales, sur les lieux de la science et avec ses acteurs, au bénéfice des professeurs de l’Académie de Strasbourg.
Portée par l’Académie des sciences et la Fondation La main à la pâte, cette structure hébergée au sein de l’Université de Strasbourg vise à développer la démarche d’investigation en classe, au contact des sciences les plus actuelles.

Mots-clés

  • pédagogie
  • enseignement
  • vulgarisation